Et sans plus attendre, préparons les pas suivants… !
APPEL DES MOUVEMENTS SOCIAUX POUR UNE SOLIDARITÉ EST/OUEST
Appel à l’initiative du réseau des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions.
Le 1er mai 2004, l’UE s’ouvre à dix nouveaux pays. Une nouvelle fois la construction de l’Europe privilégie les enjeux financiers au rapprochement des peuples, aux droits et libertés les plus essentiels. Et plus particulièrement, aux droits et libertés des plus défavorisés, les précaires, les immigrés, les sans-emploi. En effet, alors que les capitaux et les richesses sont libres de circuler en tous sens, les travailleurs des nouveaux pays se voient frappés de suspicion, accusés par avance de « tourisme social », et salués par les gouvernements des Quinze d’un vigoureux « Vous n’êtes pas les bien venus! ».
Nous, militantes et militants de mouvements sociaux européens, associatifs et syndicaux, affirmons au contraire notre volonté de faire tomber toutes les frontières et de nouer, entre les mouvements sociaux des quinze et ceux des dix pays entrants, des solidarités actives.
Nous refusons en effet, tout à la fois, les réactions de replis qui pousseraient à fermer les portes de l’Europe des Quinze aux travailleurs des pays entrants et toutes les tentatives visant à s’appuyer sur l’élargissement de l’Europe pour réviser, encore une fois à la baisse, les droits sociaux existants, tout en surexploitant les travailleurs des nouveaux membres de l’UE.
Nous nous mobilisons tout particulièrement pour:
Une harmonisation vers le haut de tous les droits sociaux
C’est-à-dire, non seulement le respect des droits sociaux existant dans les différents pays, mais un processus démocratiquement maîtrisé d’extension des droits les plus avantageux aux pays moins favorisés.
Un élargissement des droits sociaux partout en Europe, afin de faire reculer la précarité et la misère
Les droits sociaux essentiels, tels que le droit au logement, à l’emploi, à la santé, à l’éducation, à la culture, à une réelle égalité entre les hommes et les femmes, le droit au transport et aux fluides, le droit à la terre, doivent être partout reconnus et concrétisés. Le droit à un revenu permettant de vivre doit être notamment reconnu dans tous les pays. Avec la mise en place d’un mécanisme de redistribution des richesses permettant une allocation qui pourrait être fixée en référence à un pourcentage commun à tous les États de leur produit intérieur brut par habitant (à la fois pour tenir compte des disparités de productions des richesses et unifier les revendications et les droits; ce pourcentage pourrait être de 50%).
La liberté de circulation pour tous les êtres humains vivant et travaillant en Europe
Nous exigeons la pleine et entière liberté de circulation, d’activité et d’installation dans tous les pays d’Europe, pour les habitants des dix pays entrants, comme pour ceux de tous pays du monde.
Refusant de céder à la mise en concurrence des législations sociales de l’Est et de l’Ouest, nous nous prononçons donc résolument pour une progression générale des droits sociaux, en rupture avec la logique qui domine la construction de l’UE, une logique libérale de soumission aux intérêts capi- talistes. Nous critiquons tout particulièrement l’actuel projet de Constitution européenne qui, s’il était adopté en l’état, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’emploi et sur les droits sociaux, tant par ce qu’on peut y lire que par ce qu’il ne garantit pas: ni les allocations de chômage, les pensions de retraite, les allocations sociales, ni le droit au logement, ni l’accès aux services sociaux et aux soins de santé…
Seuls l’émergence d’une conscience et d’un mouvement social européen, seule une mobilisation massive et active des populations, des salariés, des précaires et des chômeurs et le développement à la base des luttes sociales permettront de construire un autre futur. Sur cette voie, une solidarité active entre les mouvements sociaux des Quinze et des Dix devient, avec l’élargissement du 1er mai 2004, une impérieuse nécessité. C’est pourquoi, nous, militantes et militants associatifs et syndicaux de différents pays d’Europe, prenons mutuellement l’engagement d’aller dans ce sens.
COMMENT LE METTRE EN ŒUVRE ?
Quelques pistes pour la mise en œuvre de l’appel
Pour faire avancer les objectifs de cet appel, le réseau des Euromarches compte apporter sa contribution dans plusieurs directions.
D’abord, il est décidé d’œuvrer pour que les assemblées européennes des mouvements sociaux issues du processus des Forums sociaux soient plus efficaces et se dotent du minimum de moyens nécessaires pour assurer une convergence e ffective des luttes pour les droits sociaux en Europe, en particulier toutes celles qui visent à faire reculer les politiques de chômage, de précarité et d’exclusion.
Le réseau œuvrera aussi dans le processus de préparation des Forums sociaux européens pour que ceux-ci s’occupent davantage des questions qui préoccupent les salariés, les chômeurs, les précaires, les immigrés et de toutes les questions sociales qui concernent l’immense majorité des citoyens d’Europe.
Constatant que les citoyens d’Europe sont très peu informés sur les enjeux du projet de Constitution, il participera aux initiatives visant à corriger cette situation et plaidera pour une campagne européenne sur deux exigences:
la Constitution ne doit pas être décidée sans consultation des peuples;
elle doit inclure les droits sociaux et ne pas poser l’orientation ultralibérale actuelle comme un principe essentiel de l’UE pratiquement non révisable.
Pour faire avancer la connaissance réciproque et la coopération entre mouvements de l’Est et de l’Ouest européen, les comités des organisations des Euromarches vont développer des jumelages entre comités de l’Ouest et de l’Est. Dans le même esprit, le réseau s’efforcera de développer les échanges et les possibilités d’initiatives communes avec le réseau européen contre la pauvreté (EAPN) et l’ENU. Enfin les réseaux de l’ENU et des Euromarches émettent un appel en direction de la présidence irlandaise de l’UE pour que les associations de chômeurs soient considérées comme représentatives par les institutions européennes.