Plate-forme d'action contre le World Economic Forum (WEF)Comme chaque année en janvier prochain (2001) se tiendra à Davos le World Economic Forum (WEF). En vue d'une manifestation contre ce forum plus grande encore que celle de cette année (janvier 2000), nous, la coordination anti-OMC de Suisse, nous adressons à tous les groupements voulant développer une opposition radicale contre la globalisation capitaliste néo-libérale. Sur la base des trois points décrits plus bas, nous voulons organiser avec d'autres groupes (de Suisse et d'autres pays) une large alliance d'actions contre le WEF, où plusieurs formes de résistance ont leur place.
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Coordination anti-OMC de Suisse, mai 2000 La coordination anti-OMC a été constituée en 1998 par des personnes issues du mouvement autonome de différentes régions de Suisses. Son objectif est de lutter contre la politique de violence et de standardisation marchande de l'OMC. Par différents biais, elle dénonce et combat cette politique aux conséquences effroyables pour des millions de personnes. Le Forum de Davos, késaco?FFormellement, il s'agit du meeting annuel du World Economic Forum (WEF), judiquement une Fondation dont les membres sont les 1'000 premières firmes globales du monde, « celles qui mènent l'économie mondiale. »* La mission première de cette Fondation est de constituer une « communauté globale, un partenariat global entre les leaders économiques, politiques, universitaires et médiatiques ». A cette fin, elle organise une série de meetings (ou Forums) régionaux (Asie, Amérique latine, Europe de l'Est, etc.), où sont mis en contact la « communauté internationale des affaires » et les « leaders politiques » de certains pays (avec des scientifiques pour faire sérieux, des intellectuels ou syndicalistes pour faire bonne mesure et des journalistes pour en faire un spectacle de plus). Pour la préparation et le suivi de ses manifestations, sans oublier un appui financier précieux, le Forum peut compter sur ses « Partenaires institutionnels », réunissant quelques compagnies parmi les influentes: en 2001, nous aurons par exemple, Swisscom (télécom.), DuPont (chimie), ABN-AMRO, Crédit Suisse, Deutsche Bank, Deutsche Boerse, Morgan Stanley, UBS (banques et services financiers), PepsiCo, America Online, Swissair, etc., ainsi que les plus grosses boîtes d'experts et autres « consultants » (les jésuites de la rentabilité): SGS, Andersen Consulting, AT Kearney, Booz Allen & Hamilton, Deloitte Touche et Price Waterhouse. Le Forum de Davos est le meeting annuel de la Fondation, « le sommet des sommets ». S'y rencontrent les « 2'000 global leaders for tomorow », comme ils se nomment eux-mêmes, soit un milliers de « top business leaders », 250 leaders politiques, les 250 premiers experts académiques - parmi lesquels certains prix Nobel - ainsi que quelques 250 « leaders des media ». Toutes ces huiles sont chargées « d'établir l'agenda global. Ensemble, ils définissent la clé des problèmes économiques, politiques et de société dans une optique progressiste et orientée vers l'action. » Ainsi, le Forum se targue d'avoir « joué un rôle clé dans l'identification de nouvelles tendances dans les domaines économique, politique, social et culturel, et dans la mise en place d'actions et de stratégies pour que les multinationales et les pays puissent intégrer ces changements et ainsi maximiser leurs potentiels. » Eh oui, la constition par le Forum de cette « communauté globale » n'a qu'un but: permettre à l'élite d'assumer au mieux cette responsabilité évidemment très globale: « améliorer l'état du monde ». En effet, toute cette activité est sous-tendue par l'idée que la communauté des « décideurs globaux » a un rôle déterminant à jouer dans la conduite du monde: « Notre philosophie est que les grands défis auxquels l'humanité sera confrontée au XXIème siècle ne peuvent être relevés que par des efforts conjoints des gouvernements et du monde des affaires. » (Klaus Schwab, président et fondateur du Forum) Ces efforts doivent, toujours selon M. Schwab, avoir comme point commun l'esprit d'entreprise. En effet, « nous savons que l'esprit d'entreprise est la base de tout progrès économique et, par conséquent, social. Mais, ajoute-t-il, l'esprit d'entreprise doit prendre place dans un réseau de responsabilités sociales. » A l'attention de ceux celles pour qui cela n'est pas très clair, les responsables du Forum ne cessent de rappeler leur devise: « L'esprit d'entreprise dans l'intérêt public global. » On voit que le Forum ne se contente pas de réunir tous ces leaders, experts, ou décideurs globaux, ni de leur servir des petits fours. Il participe activement à la teneur des discussions, dont on devine la tonalité générale. Ainsi, à l'occasion de chaque sommet, un « programme de travail » est concocté par le Forum - appuyé par ses « Partenaires institutionnels » - à l'attention de ses convives, qui prédéfinit ces « nouvelles tendances », « problèmes » et autres « challenges » au menu de « l'agenda global ». Pour prendre quelques exemples récents, le thème du Forum 1991 était: « Une nouvelle direction pour le leadership mondial »; celui de l'année suivante: « Coopération mondiale et mégacompétition »; en 1993, on avait: « Rallier toutes les forces pour la reprise économique mondiale ». En 1995: « Les défis de la croissance économique »; en 1996: « Soutenir la mondialisation »; l'année suivante, c'était: « Construire la société des réseaux ». En 1999, le programme était: « La responsabilité globale: gérer l'impact de la mondialisation ». En 2000, c'était le très énigmatique : « Nouveaux départs : faire la différence » En plus de la définition et de la diffusion de concepts idéologiques, le WEF affiche à son actif quelques réalisations concrètes - et pas des moindres; le WEF se targue en effet d'avoir « joué un rôle de leader dans le processus de mondialisation économique. » Outres de multiples « business opportunities », on lui doit notamment d'avoir relancé, au début des années quatre-vingts, le cycle de négociations sur le commerce mondial, « l'Uruguay round » qui devait déboucher sur la constitution de l'OMC - c'est pouquoi le Forum a déjà annoncé qu'il ferait tout son possible, lors du prochain sommet, pour relancer les négociations, bloquées depuis Seattle, à l'OMC, son « bébé ». C'est là-bas aussi qu'ont été mises en place les conditions qui permirent la création de la zone de libre-échanges en Amérique du Nord, l'ALENA. C'est également à lui que revient le succès des négociations sur la libéralisation des services financiers, « à travers la mise sur pied de réunions privées entre les acteurs clés lors du Meeting annuel de Davos de 1997 ». Le WEF s'attribue également un rôle majeur dans la détente entre la Grèce et la Turquie en 1988; dans le rapprochement entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est en 1990 (en effet, les chefs qui, comme on le sait, ont tout maîtrisé, se sont rencontrés à Davos...); dans la mise sur pied du Sommet de la Terre à Rio en 1992; dans la signature de l'accord « Jéricho-Gaza » entre l'OLP et Israël; dans le processus de réconciliation aux Balkans en 1996... C'est ce type de « succès » qui leur fait dire: « Nous croyons que le progrès n'est possible que lorsque les gouvernements et le monde des affaires peuvent discuter de manière libre et constructive des problèmes et travailler ensemble aux meilleures solutions. » |
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