En Euro, c'est combien ta misère? | ||
L'Euro arrive à grands pas, mais la misère reste !Vous avez vu les billets en Euro? Des modèles »factices« circulent pour s'habituer à la nouvelle monnaie. On peut déjà être sûr d'une chose : la plupart de celles et de ceux qui vivent des minima sociaux, comme du RMI en »douce« France, ou des emplois précaires, ne verront jamais la couleur de certains »nouveaux« billets ! Et pour cause : le billet de 500 Euro vaudra 3280 FF... Cherchez l'erreur ! Le RMI équivaut à 398 Euros.... Il y a fort à penser que pendant quelques mois, ça va bourdonner dans nos oreilles et nous »prendre la tête«. On ne sera pas très disponible pour penser à autre chose. D'abord, acquérir la bonne calculette (les bons clients des banques l'auront gratis...), ne pas l'oublier, la sortir à tout bout de champ pour juger si cette paire de chaussures à 19 Euros 99 cents peut entrer dans son »budget«, vérifier s'il n'y a pas un écart de prix anormal sur la facture de téléphone... Moins on disposera d'Euros et plus ce sera dur. Chacun(e) sera préoccupé(e) par ses comptes quotidiens, ses mauvaises aventures (erreur fatale: j'ai donné un billet de 100 Euros pour un billet de 100FF)... Sans parler du temps passé aux caisses des magasins, des tensions, des angoisses, des engueulades, du calcul des »arrondis«, des arnaques etc... Les chômeuses, chômeurs et précaires ne peuvent se contenter de « l'approximation » !Les difficultés des bas salaires à joindre les deux bouts sont considérées avec une grande désinvolture par les Ministres de l'économie et des finances. Avant de faire leurs comptes sur le coût global de la logistique nécessaire pour le passage à l'euro (transports des pièces et billets, changement de systèmes informatiques et d'automates...), ils promettaient une distribution gratuite de calculettes. Il n'en sera rien. La distribution sera extrêmement limitée aux plus fortunés... Pour faire oublier cette promesse jugée trop coûteuse, certains gouvernements tombent dans « l'approximation » : ainsi, en France, une méthode « simple » de calcul est proposée: conversion en euro d'un montant en francs : ajouter au montant sa moitié et diviser l'ensemble par dix (exemple : 30 FF à convertir : 30 + 15 = 45, 45/10 donne 4,5 euros), conversion en francs d'un montant en euros : multiplier par dix et diminuer du tiers (exemple 4,5 euros à convertir : 4.5x10=45, 45/3=15, 45-15=30) ! ! ! Et certains vont même demander si c'est en nouveaux ou anciens francs ! Cette simplification est absurde à double titre. D'abord parce que c'est une fatigue mentale tout à fait inutile. Mais surtout, parce qu'elle mène à l'approximation, ce qui peut être admissible pour quelqu'un qui est « à l'aise ». Ce qui est aberrant quand on doit se battre, comme les chômeuses, les chômeurs, les précaires et les exclu(e)s, pour arracher de quoi vivre et non survivre. |
L'Euro arrive à grands pas, mais la misère reste ! Les chômeuses, chômeurs et précaires ne peuvent se contenter de « l'approximation » ! Le grand râteau de la Banque Centrale va ramasser la « mise » de l'Europe néolibérale !
Communiqué de presse du le secrétariat des Marches européennes Communiqué de presse du collectif belge des Marches européennes |
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Le grand râteau de la Banque Centrale va ramasser la « mise » de l'Europe néolibérale !Et pourtant, ces inconvénients pénibles ne sont rien au vu de ce qui nous attend plus fondamentalement. Les exploiteurs ont de tout temps utilisé la monnaie pour tirer le meilleur profit du travail des autres : les péripéties boursières en sont l'exemple quotidien. Comme la langue d'Esope, la monnaie peut être la meilleure ou la pire des choses. Etre exploité en francs, en marks ou en euros ne change pas grand-chose à la situation d'exploitation. Ce qu'il y a de plus pernicieux dans ce grand chambardement amorcé à Maastricht, c'est que pendant que nous serons occupés à changer nos quelques euros, les maîtres de l'Europe néolibérale, en ratissant les monnaies, en profiteront pour changer les règles du jeu et nous tondre encore plus. C'est-à-dire que tout les échanges, mais aussi tous les acquis dans les rapports sociaux seront solubles dans l'Euro et nivelés par le bas. Le détricotage de ces acquis sociaux (sécurité sociale, retraites, minima sociaux, salaire minimum etc... etc...) amorcé depuis des années ne fera que s'accélérer, dans la foulée de la Charte des droits fondamentaux au rabais proclamée au sommet de Nice. Nous voulons exprimer une même revendication : celle du refus du dumping social et salarial, de la concurrence entre les chômeurs et les travailleurs de toute l'Europe. Nous ne voulons pas d'un nivellement et d'un élargissement par le bas.Les organisations de chômeurs et de précaires des Etats membres de l'Union européenne ont chiffré les seuils de rémunération en dessous desquels il est inacceptable de descendre. De par la grande différence de revenus selon les pays, l'adoption d'un chiffre unique pour tous les chômeurs de l'UE est aujourd'hui inapplicable dans certains pays. Mais une revendication commune est pourtant à la fois nécessaire et possible, en liaison avec la richesse produite, les besoins essentiels pour vivre et non survivre, les acquis sociaux. Nous proposons une méthode commune d'évaluation du revenu garanti, applicable dans chaque pays en tenant compte des spécificités et intégrant plusieurs paramètres déterminant les seuils minimums sur la base d'un pourcentage significatif du PIB (qui mesure la richesse produite), par tête d'habitant : nous proposons de le fixer à 50%. En France cela donnerait une base de 901 Euros, soit 5910 FF. Nous voulons l'application de ce qui était la promesse de la construction européenne à son origine : « l'amélioration des conditions de vie et de travail dans le progrès ». Promesse vite oubliée, aspiration plus que jamais remise en question par les politiques néo-libérales qui se préoccupent essentiellement des intérêts des forces du marché et de la finance. Nous ne resterons pas les laissés-pour-compte des sommets européens de Stockholm, Göteborg et Laeken-BruxellesLes 23 et 24 mars 2001, les chefs d'état et de gouvernement de l'Union européenne se réuniront à Stockholm pour « procéder à une évaluation des progrès réalisés depuis le Sommet de Lisbonne » qui s'est tenu le 24 mars 2000 et qui était annoncé comme le grand Sommet de la lutte contre l'exclusion sociale. Après y avoir reconnu que 65 millions d'européens vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, les gouvernants avaient décidé de se retrouver à chaque printemps pour « comparer l'évolution de la situation ». Les axes prioritaires de Stockholm seront la « viabilité des finances publiques dans une Europe vieillissante », les objectifs de « plein emploi » sauce précaire et l'efficacité des systèmes de télécommunication, mais rien sur la pauvreté et l'exclusion sociale. Or qu'avons-nous vu depuis le sommet de Lisbonne dans les pays de l'UE ? La chute libre de la « nouvelle e-conomie en ligne ». L'annonce à grand renfort de publicité de la baisse des chiffres du chômage et l'explosion moins médiatisée des emplois précaires, renforçant pauvreté et exclusions. De cette Europe nous ne voulons pas. Nous le dirons à Stockholm en mars, à Göteborg en juin, lors des sommets de la présidence suédoise. Nous nous mobiliserons à nouveau à Bruxelles au dernier trimestre 2001 pour empêcher que la fameuse Charte des droits au rabais que les gouvernements ont proclamé à Nice ne devienne le préambule incontournable de leur future Constitution européenne. |
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