De Barcelone (mars) à Séville (juin)

Le contre-sommet se met en marche

Les 2 et 3 février dernier s'est tenu à Marinaleda, village situé au coeur de l'Andalousie, et réputé pour sa tradition de luttes paysannes, une importante rencontre des différents réseaux dits »antiglobalisation« de l'État espagnol. Objectif : préparer les mobilisations de Barcelone et de Séville, où se tiendront les sommets de la présidence espagnole de l'Union européenne. J'y représentais le réseau des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions. Voici quelques brèves informations sur cette rencontre, sur l'état de la mobilisation en Espagne, et plus précisément, sur les projets militants :

L'Assemblée de Marinaleda (2 et 3 février)

D'abord, quelques mots sur la Rencontre elle-même, « Contre l'Europe du capital et la guerre. Globalisons les résistances. Un autre monde est possible ». Malgré les difficultés d'accès, plus de deux cent militantes et militants, souvent très jeunes, étaient venus de nombreuses régions d'Espagne pour représenter des mouvements d'une grande diversité, allant de petits comités locaux à des organisations d'ampleur nationale. S'y mêlaient mouvements sociaux (collectifs féministes, groupes de chômeurs et précaires, tels que l'Assemblée des chômeurs de Madrid ou le réseau Baladre, collectifs de soutien aux immigrés...); mouvements syndicaux (essentiellement la CGT anarcho-syndicaliste, qui est l'un des moteurs de ce processus unitaire, mais également des membres du secteur critique des Commissions ouvrières, et d'autres syndicats plus sectoriels); des collectifs plus centrés sur la lutte contre la globalisation libérale (le mouvement de jeunes MRG, qui mobilisa beaucoup à Prague et à Nice, des militants d'Attac, et d'autres mouvements); ainsi que des groupes politiques, écologistes (Écologistes en action...), libertaires (Apoyo Mutuo...), de gauche (Izquierda Unida...), et d'extrême gauche (Espace alternatif...).

L'ensemble est assez hétérogène, et l'on imagine les difficultés pour dégager des accords, d'autant plus que toutes les décisions importantes se prennent au consensus, au cours des assemblées plénières... Ce n'est pourtant pas la première réunion de ce type (la précédente s'est tenue il y a quelques mois à Saragosse, avec, m'a-t-on assuré, plus de tensions que cette fois-ci). Ces rencontres « estatales », comme disent les espagnols, qui évitent le qualificatif de « national » pour ne pas froisser certaines susceptibilités, reflètent les débats d'Assemblées locales ou régionales qui réunissent elles-même des centaines de personnes. A Barcelone et à Séville, ce sont des Assemblées régionales de ce type qui préparent concrètement les Contre-sommets. Nous assistons donc en Espagne à l'émergence d'un véritable mouvement unitaire « antiglobalisation », avec une forte participation de la jeunesse.

Cette unité va permettre de faire face, durant ce semestre, à la présidence de l'Union européenne par le gouvernement d'Aznar (droite musclée, ultra-libérale). Celui-ci tente de donner à sa présidence un grand relief, en multipliant les rencontres officielles sur les thématiques les plus diverses. Si bien que les mouvements de résistance sont conduits à multiplier eux aussi les initiatives. L'Assemblée de Marinaleda a toutefois fixé deux temps forts communs à tous : Barcelone et Séville.

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L'Assemblée de Marinaleda

Le Contre-Sommet de Séville

La question des formes de manifestation

Projets de Marches internationales

Le Contre-Sommet de Barcelone

Le mouvement « antiglobalisation » de Catalogne a déjà arrêté son programme :

A partir du Lundi 11 mars :

Diverses tables rondes.

Vendredi 15 mars :

A Barcelone : Journée d'actions décentralisées, prenant pour cibles les institutions et les entreprises internationales ou européennes... Ces actions sont organisées par « groupes afinitaires ». Au niveau national : journée d'action sur le terrain social.

Samedi 16 mars :

De 10h à 13h :
Des « Ateliers » abordent les thèmes du Conseil de l'Union européenne de Barcelone : Privatisations, services publiques, dérégularisation; la question économique et financière; l'Éducation; les politiques d'emploi; l'Amérique Latine

13h :
Table ronde des mouvements sociaux.

18h :
Grande manifestation (les organisateurs attendent plusieurs dizaines de milliers de personnes).
Puis grand concert le soir...

Le Contre-Sommet de Séville (juin)

Le programme est arrêté dans ses grandes lignes, mais il est bien sûr susceptible de « bouger », car nous sommes encore un peu loin de l'échéance. Les mouvements attendent au moins 50 000 personnes à Séville, et les estimations les plus optimistes évoquent de 100 à 150 000 personnes...

Jeudi 20 juin

Journée d'action globale contre l'Europe du capital, décentralisée mais coordonnée.

Vendredi 21 de juin

Manifestation à Séville pour les droits des immigrés.

Samedi 22 juin

Forum alternatif
Grande manifestation « contre l'Europe du capital ».

La question des formes de manifestation

Les différents mouvements antiglobalisation représentés à Marinaleda ne souhaitent pas d'affrontements avec la police, et ne se fixent pas pour objectif de bloquer ou d'entraver la rencontre des chefs d'État. Ils préfèrent mettre l'accent sur l'affirmation d'une alternative de société. Mais la question de la confrontation n'a bien sûr pas été absente des débats, pour des raisons évidentes : d'abord, on ne peut ignorer la brutalité des forces répressives espagnoles, avec des tentatives de provocations policières manifestes lors de précédentes manifestations à Barcelone; ensuite il existe ici des traditions militantes plutôt « vigoureuses », qui ne relèvent pas seulement des courants implantés au Pays Basque. La démarche qui fait consensus me semble être celle de le « diversité des tactiques », ou encore des « espaces d'expression différents ». En un mot, le mouvement unitaire antiglobalisation organise des initiatives non-violentes, et invite les manifestants plus offensifs (physiquement parlant) à respecter ce caractère pacifique en inscrivant leurs actions propres dans d'autres espaces.

Projets de Marches internationales convergeant vers Séville

De nombreuses autres initiatives sont en préparation. Deux au moins nous concernent de très près :

Le projet d'une Marche des résistances sociales en Andalousie.

Ouverte aux marcheurs internationaux, cette marche d'une semaine précéderait le Contre-Sommet. Le projet est en cours de maturation (la décision n'est pas encore prise); il est principalement porté par la CGT andalouse, et diverses collectifs locaux. Ce projet rejoint le souhait, formulé par le Réseau des Marches européennes, d'une Marche internationale qui pourrait se conclure en juin à Séville par une Assemblée des mouvements sociaux européens.

Deuxième signe encourageant : Le projet d'une Marche Rabat / Tanger / Séville

Nous retrouvons finalement les acteurs des Marches « européennes et internationales » de 1997, et notamment ceux de la marche qui avait joint Tanger à Amsterdam. En effet, en lien avec la CGT d'Espagne, ce projet est porté par le mouvement des « chômeurs diplômés », qui est au Maroc une référence importante.

Une Coordination du Réseau des Marches européennes se tiendra à Barcelone en mars, avec des représentants de toute l'Europe et des protagonistes de ces deux projets. Il s'agira de coordonner les initiatives qui convergeront vers Séville. Ainsi, des collectifs allemands de chômeurs travaillent déjà à un projet de marche « à bicyclette » partant en mai prochain de Dresde.

Patrice Spadoni
Secrétariat des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions.

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