Marie Paule Connan .2002-08-04 Nous aurons une Constitution européenne en 2004.
|
Rappel des décisions et activités préalables
Notes:[1] Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Site : http://europa.eu.int , aller vers « Convention » puis « Textes de base » [2](voir Yves Salesse, « L'Europe que nous voulons ». Editions Fayard) [3](CONV 167/02 du 4 juillet 2002. Note relative à la séance plénière des 24 et 25 juin 2002) [4]Bilan social de l'Union européenne. Institut syndical européen. Site internet : http://www.etuc.org/etui , voir aussi http://www.ose.be [5]Pour la Belgique 60% du revenu médian= 651 euros ; 50%= 542 euros, pour la France 60% du revenu médian= 647 euros, 50%= 539 euros ; pour l'Allemagne 60% du revenu médian= 703 euros, 50%= 585 euros. Pour les Pays-Bas, de 569 à 474 ; pour l'Espagne, de 303 à 252 ; pour l'Italie, de 369 à 307. [6]Doc CHARTE 4961/00 CONTRIB 356 du 13 novembre 2000, par M. Wildhaber, Président de la Cour européenne des droits de l'Homme. (dans le site Convention, puis Groupes de travail) [7](CONV 116/02 WGII 1. Note du groupe de travail « intégration de la Charte/ adhésion à la CEDH ») [8](CONV 116/02 op. cit.) [9]On pourrait aussi citer la promotion aberrante et auto-satisfaite lancée par les parlementaires européens français Pervenche Bérès, Olivier Duhamel et Catherine Lalumière, membres de la Convention. [10]Site de la Convention. Groupe de travail II Intégration de la Charte/adhésion à la CEDH. Document de travail N°6 du 12 juillet 2002) |
|||||||||||||||||||||||||||||
En 2004, la Constitution européenne deviendra le portail d'entrée dans une nouvelle ère Après les élections européennes de 2004, nous vivrons dans un Super Etat à caractère fédéral, composé de 25 pays. Soit, par ordre alphabétique : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, France, Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Irlande, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède. Nous serons gouvernés selon une Constitution commune : un gouvernement unique composé des trois institutions européennes (Conseil européen qui regroupera les 25 Chefs d'Etat et de gouvernement, 25 commissaires qui auront fonction de Ministres, nommé chacun(e) par un Etat, un Parlement européen où les 700 parlementaires représenteront 450 millions de citoyens), une Cour des Comptes et une Cour de Justice. Les prémices existent aujourd'hui, mais nous sommes encore dans une phase transitoire où la répartition des pouvoirs reste floue. Les décisions qui vont être prises en 2004 vont bétonner l'édifice. Le tout formera un marché sans frontières, les frontières extérieures seront protégées par une Police unique. Les relations extérieures seront maîtrisées par une Armée commune. Le Pouvoir Monétaire est déjà concentré entre les gants de fer de la Banque Centrale Européenne, avec une capacité logistique de choc comme cela a été démontré lors de la mise en œuvre de l'euro. Rappelons-nous qu'en quelques jours les monnaies nationales ont « magiquement » disparues dans douze pays. Et l'Europe sociale ? Et la redistribution des richesses ?
Une magistrale revanche sur les conquêtes sociales des siècles passés s'opère sous une onéreuse façade démocratique, selon le principe d'un consensus accepté par tous y compris les socio-démocrates, sous la houlette de Giscard, Chirac, Berlusconi, Aznar (Italie), Schüssel (Autriche), Rasmussen (Danemark), Balkenende (Pays-Bas) et compagnie. La Constitution européenne aura la fonction d'un portail d'entrée vers une ère nouvelle ou plutôt d'un Arc de triomphe pour le Marché. Le tableau ci-dessous relève les différentes étapes de cette période fatidique. Il est présenté volontairement tel un compte à rebours. En effet, l'urgence est de faire coïncider le renouvellement du Parlement européen et de la Commission européenne de 2004 avec la mise en place de la « Constitution / Arc de triomphe du Marché élargi à l'Est ». Les échéances sont très serrées.
Rappel des décisions et activités préalablesLe Référendum irlandais sur le Traité de Nice :L'avis semblait unanime juste après le Sommet de Nice. Le Traité de Nice était un raté. Les dispositions prises par le Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement ne permettaient pas un fonctionnement fiable de l'Union européenne élargie à 25 pays. Or, il avait été décidé dans le Traité d'Amsterdam que « le réexamen complet des dispositions des traités relatives à la composition et au fonctionnement des institutions avant que l'Union européenne ne compte plus de vingt membres » (Protocole n° du Traité d'Amsterdam). Malgré cela, les débats dans les parlements nationaux - lorsqu'ils ont eu lieu - ont été extrêmement feutrés…et le Traité de Nice a été ratifié par tous les Etats, sauf l'Irlande. En effet, la Constitution irlandaise impose un référendum et les Irlandais ont rejeté le Traité de Nice à une large majorité. Ceci est un réel obstacle dans le marathon constitutionnel décrit dans le tableau ci-dessus, l'unanimité pour le Traité de Nice étant une condition sine qua non pour l'élargissement tel qu'il est programmé (la limite des vingt Etats membres étant dépassée). Pour tenter d'obtenir un OUI irlandais et contrer un argument de poids des partisans du NON, le Sommet de Séville a adopté une déclaration dans laquelle il reconnaît la déclaration nationale irlandaise concernant sa politique de neutralité militaire. Celle-ci affirme que la politique de participation à la politique européenne de sécurité et des relations extérieures n'ira pas à l'encontre de la neutralité du pays. L'élargissement à 8 pays de l'Europe de l'Est + Chypre, + MalteLes négociations en vue de l'adhésion ont été enclenchées dès la chute du mur de Berlin en 1989. Les critères ont été définis en 1993 (au Sommet de Copenhague). Les pays candidats se sont engagés à intégrer les règles juridiques de l'Union européenne avant leur adhésion, à libéraliser leur économie et faire face à la pression concurrentielle et satisfaire aux exigences des grandes orientations économiques de l'Union. Le processus d'adhésion a débuté en 1998. Le Conseil de Nice a annoncé que les pays retenus pourraient participer aux élections européennes de 2004. La liste du premier « train » de dix Etats a été fixée au Sommet de Laeken. | ||||||||||||||||||||||||||||||
La ConventionUne première Convention pour la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenneLe principe d'une « enceinte » réunissant les représentants des gouvernements des quinze, les Parlements nationaux et le Parlement européen, a été décidé au Sommet de Cologne en 1999, pour rédiger une Charte des Droits fondamentaux de l'Union européenne, après avoir nommé un Président. L'objectif était d'élaborer un catalogue des droits existants. Les membres de cette « enceinte » ont voulu toucher les citoyen(ne)s et mettre en évidence le caractère historique de leur mission. Ils se sont nommés « Convention ». Leur première démarche a été de se référer aux Déclarations et Conventions internationales [Déclaration universelle de 1948, Convention Européenne des Droits de l'Homme de 1951 (pour les droits civils et politiques), la Charte sociale européenne signée à Turin en 1961 et la Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs de 1989] ainsi qu'aux Constitutions et Législations nationales.
Un article est consacré à l'exclusion sociale. Son libellé donne toute possibilité de transformer le droit au revenu en « aide matérielle » :
Le Chapitre SOLIDARITÉS est étoffé par la reprise des maigres acquis des directives européennes dites « sociales », sans ouverture possible pour un droit de grève européenne ni pour des conventions collectives européennes. [1] Dès l'ouverture des travaux, tous les membres de la Convention ont admis que les décisions se prendraient par consensus. Pour expliquer ce sacrifice indigne des droits sociaux, certains socio-démocrates ont communiqué que « le consensus implique un nivellement par le bas ». En ce qui concerne les droits civils et politiques, les dégâts ont été limités de par le fait que la Convention européenne des Droits de l'Homme (de 1951) est déjà protégée par la Cour de Justice de Strasbourg des Droits de l'Homme. Les institutions européennes veulent éviter la concurrence entre les deux Cours de Justice (celle de Strasbourg et la Cour Européenne de Justice de Luxembourg). Les droits civils et politiques ont été repris quasi à l'identique, en ajoutant cependant l'article suivant :
Il apparaît aujourd'hui que cet Article pose de sérieux problèmes de concurrence entre les deux Cours de Justice.(voir plus loin)
Malgré les protestations et les manifestations avant et pendant le Sommet européen de Nice, les trois institutions européennes ont signé la Charte des droits fondamentaux, sans toutefois statuer sur son intégration dans le Traité de l'Union européenne. Une deuxième Convention pour rédiger la Constitution européenneUn an après Nice, le Sommet européen de Laeken a convoqué une 2° Convention pour rédiger la Constitution européenne. Les principes fondateurs sont les mêmes (on ne change pas une formule qui marche pour le Marché !), avec quelques variantes d'importance :
La Déclaration de LaekenLa mission de la Convention a été fixée dans la Déclaration de Laeken. La méthode propose un débat ouvert. Il s'agit de poser des questions et « de rechercher les différentes réponses possibles »... « Pour trouver les réponses, il faut poser une série de questions ciblées ». Elles concernent :
La Conférence Intergouvernementale (CIG)C'est une instance composée des représentants des Chefs d'Etat et de gouvernement pour mener les négociations sur les changements prévus du Traité. La prochaine CIG précèdera le Sommet européen qui adoptera la Constitution européenne (probablement sous la Présidence de Berlusconi). La procédure permet le marchandage entre Etats et le secret de la diplomatie. Et l'Europe sociale ? Et la redistribution des richesses ?
Depuis 1999, ce sont donc des dizaines et des dizaines de réunions entre « les élu(e)s du peuple » pour déclarer les droits et définir par une Constitution les règles de l'Union européenne pour l'avenir, avec, il faut le reconnaître une certaine transparence et un accès direct aux textes travaillés et présentés. La période est propice pour imposer un droit social européen qui protège les législations sociales nationalesOn ne peut pas dire que le peuple qui vote « à gauche » ne soit pas proportionnellement représenté dans le dispositif de la Convention. Le Parti Socialiste Européen liste sur son site INTERNET les 63 membres PSE qui y participent, soulignant que « « la famille socialiste constitue le plus grand groupe politique au sein de la Convention » On ne peut pas dire non plus qu'ils ne soient pas représentés, ces centaines de milliers de syndicalistes qui ont défilé dans les rues des villes des Sommets européens derrière la banderole « Pour une Europe sociale ». Le Secrétaire Général de la Confédération Européenne des Syndicats possède un ticket d'entrée dans la Convention. Il est aussi sur la liste du PSE. Enfin, on ne peut pas dire non plus que les ONG sociales ne soient pas entendues. Elles sont même invitées par les Ministres à être porte-parole des « plus pauvres ». Elles ont aussi été largement subventionnées par la Commission européenne pour s'organiser en « plate-forme » et remplir cette mission. | ||||||||||||||||||||||||||||||
Et pourtant ! Personne ne demande une Europe sociale dans la ConventionValery Giscard d'Estaing en semble tout étonné. Du moins c'est ce qu'il dit sur son site officiel et dans les médias (article paru dans El País, Süddeutsche Zeitung et La Stampa les 22 et 23 juillet 2002). « Enfin, une dernière et singulière observation : nous n'avons entendu aucune demande concernant une extension des compétences communautaires sur le plan interne de l'Union. Les seules demandes portent sur les compétences vis-à-vis de l'extérieur. Même si on a beaucoup parlé du besoin d'une plus grande efficacité dans l'exercice des missions de l'Union, en ce qui concerne l'espace de liberté, sécurité et justice, et l'action de l'Europe dans le monde, nous n'avons pas entendu de demandes concernant une extension des compétences communautaires « classiques », sur le plan interne de l'Union. Lorsqu'on a parlé de politique sociale, il n'a pas été demandé de « compétences nouvelles » pour l'Union. Ceci constitue un changement considérable au climat qui régnait lors de la CIG précédant le Traité de Maastricht. Nous devrons en tenir compte ». De deux choses l'une.
Que de souffrances sociales en perspectives ! L'Etat européen qui se constitue sous nos yeux se débarrasse des affaires sociales pour laisser la tâche aux 25 Etats membres et aux Régions de redistribuer des richesses qu'il ne possèderont plus, étant d'ores et déjà fixées les règles de la Monnaie unique, du Pacte de stabilité, de l'autorisation limitée des impôts et des charges, de la concurrence exacerbée ; dès lors que les droits sociaux pourront être supprimés et les systèmes de protection sociale détricotés. La réalisation de « l'utopie néolibérale de l'exploitation sans limites », comme avertissait Pierre Bourdieu. Et cela alors que la période constitutionnelle est propice à l'obtention d'un droit social européen qui protège (2) et d'un engagement à la convergence vers le haut des conditions de vie et de travail. La Leçon de GiscardCelles et ceux qui ont été auditionné(e)s répondront probablement qu'ils ont présenté des propositions . Ce que ne nie pas Giscard en écrivant : « Lorsqu'on a parlé de politique sociale » . Mais, il précise : l'essentiel n'a pas été prononcé. La honte ! C'est Giscard qui donne la solution pour obtenir enfin une Europe sociale : « il n'a pas été demandé de « compétences nouvelles » pour l'Union ». Sans compétence clairement définie dans le domaine social, l'Union européenne ne pourra pas produire une législation sociale. Les directives européennes dites sociales ont une base juridique relative au fonctionnement du Marché unique, de la libre circulation des travailleurs (en fonction des besoins du marché) et de la concurrence. Ce qui les rend extrêmement limitatives. Ce qui entraîne la réduction des dépenses et la régression sociale Comment a-t-on « parlé de politique sociale » au sein de la Convention ? La réponse est dans le document officiel qui consigne les interventions de la Société Civile.[3] Les représentants des syndicats et des ONG sociales ont demandé « une Méthode Ouverte de Coordination (MOC) ». Des miettes qu'on a déjà ! Même qu'il faut se courber pour les ramasser. Dans les faits, il s'agit rien de plus que de donner les moyens supplémentaires aux Ministres des Affaires sociales (tant qu'ils existent) de se réunir pour examiner leurs méthodes de disciplinarisation du social. Soit, en jargon européen : « La Méthode Ouverte de Coordination a pour objectif premier de permettre l'échange de bonnes pratiques et d'assurer une meilleure coordination et convergence des politiques des Etats membres par rapport aux objectifs communs de l'Union. ». Les Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions avaient réagi lors du lancement de la MOC au Sommet de Lisbonne en 2000, craignant que la définition d'indicateurs sociaux servirait à diminuer le nombre de « pauvres » en baissant le seuil de pauvreté. Nous sommes en 2002, et c'est ce qui se produit selon les conclusions de l'Observatoire Social Européen [4]
Celles et ceux qui ont lancé les mobilisations pour l'intégration de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne à Nice ne savaient-ils pas qu'elle n'était pas intégrable ?Pour faire taire celles et ceux - dont nous étions - qui dénonçaient la régression sociale annoncée dans cette Charte, les satisfait(e)s mobilisaient pour qu'elle soit intégrée dans le Traité de Nice. Trois arguments fallacieux étaient avancés : « c'est une plus-value », « elle consacre l'indivisibilité des droits », « c'est le résultat d'un consensus, il fallait accepter le nivellement par le bas, si on la touche, il faudra recommencer et ça peut être pire ». Les mêmes se contredisent aujourd'hui dans les travaux qu'ils produisent dans la Convention en tentant de répondre à la question posée dans la Déclaration de Laeken : « Il faut ensuite se demander si la Charte des droits fondamentaux doit être intégrée dans le Traité de base et se poser la question de l'adhésion de la Communauté européenne à la Convention européenne des droits de l'homme » Quid de l'indivisibilité des droits ? Les conventionnels ont laissé tomber le Chapitre SOLIDARITÉS pour ne s'occuper que des droits civils et politiques. La Charte présente un risque de schisme dans la protection des Droits fondamentaux en EuropeLe problème majeur est celui de la mise en concurrence entre les deux Cours de justice, (celle du Conseil de l'Europe, basée à Strasbourg, qui protège la Convention des Droits de l'Homme de 1951 et celle de l'Union européenne, basée à Luxembourg, qui veille à l'application du Traité de l'Union européenne). Dès novembre 2000, les responsables du Conseil de l'Europe avaient alerté les Institutions européennes : « Ainsi plutôt que d'être en concurrence et de générer un schisme dans la protection des droits fondamentaux en Europe, la Convention des Droits de l'Homme et la Charte devraient être appelés à s'enrichir mutuellement » [6] La Chartre devra être réécriteLorsque les conventionnels réfléchissent, ils retiennent le fait que « certains articles de la Charte répètent des droits consacrés dans le Traité mais sans spécifier dans chaque article que ces droits s'exercent dans les conditions et limites prévues par le Traité, ce qui conduirait à l'insécurité juridique. » « On cite à cet égard, les articles 39, 40, 42, 43, et 44 de la Charte ».[7]
La reconnaissance des droits civils et politiques implique la modification de certains articles du TraitéA titre d'exemple et pour ne pas paraphraser, voici un extrait d'un des documents de travail
La Convention européenne des Droits de l'Homme devrait aussi être remaniéeUn rapport adopté par le Comité Directeur pour les Droits de l'Homme (CDDH) lors de sa réunion (25-28 juin 2002) sur les questions juridiques et techniques d'une éventuelle adhésion de l'Union européenne à la Convention Européenne des droits de l'homme met en évidence les contradictions entre les deux systèmes juridiques. (Conseil de l'Europe DG II(2002)006). Outre le fait que l'adhésion de l'Union européenne à la CEDH lui impose de pallier à son manque d'identité juridique (ce qui peut se solutionner par l'adoption de la Constitution européenne), cette adhésion exigera l 'amendement de plusieurs articles de la CEDH. Les auteurs du rapport se demandent « s'il serait souhaitable d'établir pour l'Union européenne des dispositions spéciales, lui permettant de participer aux procédures devant la Cour dès lors que des questions concernant le droit communautaire seraient en jeu dans une affaire dont serait saisie la Cour de Strasbourg pour lui donner la possibilité de se défendre…. Cette utilité pourrait apparaître dans les affaires concernant une allégation de violation de la CEDH par un Etat membre de l'UE du fait d'une mesure prise par cet Etat en application du droit de l'UE. » Après avoir examiné les multiples remaniements qui seraient nécessaires, le CDDH suggère de « maintenir le status quo, c'est à dire une situation dans laquelle le principal instrument européen obligatoire en matière de droits de l'homme est la CEDH.(…) En fait, l'expérience montre généralement qu'il est difficile d'éviter les contradictions lorsque deux textes distincts sur un même sujet ayant un libellé différent sont interprétés par deux tribunaux différents » On peut interpréter ce langage juridico-diplomatique comme le constat que la première Convention a pour résultat de mettre en péril les libertés et les droits - y compris les droits civils et politiques. Sans le dispositif de protection de la Convention Européenne des Droits de l'Homme, cela aurait pu passer inaperçu. C'est pour cela que nous devons obtenir un dispositif aussi PROTECTEUR pour les droits sociaux. L'obstination des satisfait(e)s PSECertain(e)s conventionnel(le)s ne veulent pas en démordre et s'obstinent à produire des documents pour l'intégration de la Charte dans le Traité, au risque de nous renvoyer aux conditions de vie de 1791 ! Ainsi Elena Paciotti (déléguée du Parlement européen Parti Socialiste Européen) [9]
« « Le problème de l'intégration de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne dans un traité qui aurait un contenu et une valeur de constitution européenne peut être facilement résolu à la lumière du seul et prestigieux exemple de constitution écrite peu après la proclamation des droits fondamentaux : il s'agit de la Constitution française de 1791 qui a incorporé la Déclaration des droits de l'homme de 1789 en la plaçant simplement, dans son intégralité, avant le texte des dispositions institutionnelles » et plus loin « Il serait ainsi possible de prévoir des amendements à la Charte suivant les mêmes modalités que pour la révision « constitutionnelle ».
»[10] Pour mieux convaincre, cette Parlementaire distribue la Constitution de 1791. L'innovation sociale de l'époque se trouve dans les dispositions fondamentales garanties par la Constitution :
Il serait bon que les conventionnel(le)s se rappellent que d'autres Constitutions ont suivi en France, après des luttes sociales difficiles et meurtrières, et notamment la Constitution de 1946 où les droits de la femme, le droit d'asile, le droit à l'organisation syndicale et à la grève, les services publics et les droits à prestation sont garantis. « La nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ». Préambule de la Constitution française de 1946.
« N'oublions pas que nous sommes à ce jour, l'unique exemple de gestion démocratique et supranationale de la mondialisation » lançait le Président de la Commission européenne Romano Prodi au Parlement européen, à Strasbourg le 3 juillet 2002. Puisque les Parlementaires européens oublient l'Europe sociale dans la constitutionnalisation de cette supranationalité, NOUS, les citoyennes et les citoyens sur qui se répercutent les décisions prises dans ces cénacles, organisons-nous pour leur imposer l'Europe que nous voulons, démocratique et sociale. Nous avons 20 MOIS à peine pour réagir et obtenir ce que nous voulons.
Pour mémoire : Les Parlementaires européens qui ont voté NON à la signature de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne en novembre 2000
|
|