COORDINATION EUROPENNE DU RESEAU DES MARCHES EUROPEENNES13-14 NOVEMBRE 1999BRUXELLES Les Marches européennes sont reconnues pour les grandes mobilisations qu'elles ont organisées avec d'autres réseaux à l'occasion notamment des Sommets de l'Union européenne qui traitent des questions de l'emploi, du chômage, de la précarité et des exclusions (Amsterdam, Luxembourg, Cardiff, Vienne et Cologne). Elles ont été aussi un lieu de réflexion et de débats pour avancer dans l'élaboration des revendications par delà les frontières nationales. Les Assises de Bruxelles, L'Université en Grèce, la Conférence de Cologne ont réuni des centaines de militantes et militants de toute l'Europe pour préparer les mobilisations, mais aussi discuter des contenus, échanger les expériences. Trois ans déjà d'activité et de réflexion. Trois années qui ont permis aux associations de lutte contre le chômage et la précarité, aux forces syndicales, voire politiques, et cela à l'échelle européenne, de se rencontrer et d'unir leurs efforts pour en finir avec le chômage de masse et de longue durée. La Coordination des secrétariats européens de cette année prenait de ce fait une dimension particulière. Il nous fallait faire le point de la situation en Europe, des résultats de nos initiatives, mais aussi de nos capacités à poursuivre efficacement notre action. Nous devons constater en effet que malgré les bulletins de victoire des gouvernements sur la baisse du chômage, celui-ci demeure une réalité (près de 10% de la population active) et que la montée rapide des emplois précaires ne répond en rien à l'attente des chômeurs et des salariés. Il nous fallait aussi faire le point sur le Réseau des marches, son fonctionnement et les mobilisations lors des journées européennes des 10 et 11 décembre à l'occasion du sommet d'Helsinki. Il nous fallait enfin préciser nos axes de mobilisation pour l'an 2000, tant lors du « sommet social » de Lisbonne que du sommet en France au cours duquel est envisagée la clôture de la CIG à la fin de la même année (la Conférence intergouvernementale est un processus constituant qui permet à l'Union européenne de modifier ses textes fondamentaux). Tous ces points furent abordés lors de cette Coordination à Bruxelles.
|
Rendez-vous institutionnels Compte-rendu :
|
Le 11 novembre 1999 : RENDEZ-VOUS « INSTITUTIONNELS » !Nous savions que le Parlement européen n'avait pas beaucoup de pouvoirs et le Réseau des Marches européennes tient à sa totale indépendance vis-à-vis des partis politiques. Pour autant, nous étions étonnés que les textes de la Commission passent cette instance sans grande difficulté. Aussi, après Cologne et les élections européennes, nous avons demandé aux différents groupes de la gauche européenne de nous recevoir pour connaître leurs positions face aux recommandations et directives de la Commission. C'est ainsi que nous avons été reçus en septembre par les députés Verts et le 11 novembre par le groupe Gauche Unie Européenne/Gauche Verte Nordique. Nous avons aussi pris des contacts avec des députés des PS. Ces rencontres ont permis des échanges de vues approfondis sur les textes et la nécessité d'une vigilance accrue sur ce que produit la Commission en direction des gouvernements. Engagement a été pris de communiquer régulièrement les informations des uns et des autres et de soutenir les initiatives à venir des mouvements de chômeurs à l'échelle européenne.Le même jour se tenait à Bruxelles la réunion des ministres de l'emploi et des finances. Comme nous l'avions fait lors de la Marche Bruxelles-Cologne le 25 mai 1999 avec le ministre allemand de l'emploi, Walter Riester, nous avons demandé un rendez-vous à Madame Mönkäre, ministre de l'emploi de Finlande, pour rappeler notre entière opposition aux recommandations de la Commission, notamment aux plus récentes concernant les systèmes d'imposition et d'indemnisation du chômage des femmes et des travailleurs âgés sous prétexte qu'ils auraient des effets dissuasifs sur la volonté de travailler des ces deux catégories de chômeurs.
La météo (retard des avions le samedi) et une erreur d'organisation
(changement de lieu de réunion le dimanche) n'ont pas permis à nos amis de
l'INOU (Organisation nationale irlandaise des chômeurs) de prendre part à
nos travaux. Nos amis de l'Etat espagnol étaient également excusés.
|
Rendez-vous institutionnels
Compte-rendu :
|
Suivit le rapport d'Angela Klein (Allemagne) sur la campagne Cologne 99. Si
la manifestation du 29 qui rassembla bien au-delà du Réseau fut un
indéniable succès, le résultat des marches qui ont précédé reste plus mitigé
et pose à nouveau le problème de formes d'action adaptées. Egalement, si
l'appel syndical lancé par la Conférence de janvier réunit plus d'un millier
de signatures de responsables syndicaux, notamment en Allemagne, la
participation de forces syndicales significatives à la manifestation fut
limitée. Enfin, l'équipe d'animation, notamment pendant la manifestation,
était trop restreinte pour faire face à tous les problèmes d'intendance et
d'organisation et à la situation créée par une présence policière démesurée
et agressive : la police put couper la manifestation en deux et bloqua la
fin du cortège plus d'une heure.
Le Parlement des chômeurs la semaine suivante fut une bonne idée qui intéressa beaucoup la presse ainsi que celles et ceux qui avaient pu rester. Pour autant tout le monde s'accorde pour constater les limites de la préparation et de l'organisation de l'initiative. Débats à poursuivre. Après la pause, la séance reprit sous la présidence de Jack Houssa (Belgique) et sur un rapport d'introduction de Christophe Aguiton (France) sur la situation sociale en Europe, nos rapports aux forces syndicales, les institutions, l'élargissement à l'Est, le contexte mondial, les mobilisations etc. .Un large échange de vue suivit montrant la nécessité d'appréhender les problèmes à l'échelle européenne et de s'organiser en conséquence, en particulier pour préparer les nombreuses échéances de l'an 2000. Débats à approfondir et poursuivre, notamment par des textes.
Le soir se sont tenues trois commissions : l'une sur la question des minima
sociaux et des droits, animée par Marie Paule Connan (Belgique) et David
Antona (France), l'autre sur les initiatives et le Parlement des chômeurs
animée par Ingrid Schindler (Allemagne) et Patrice Spadoni (France). La
dernière, plus restreinte, aborda les problèmes de fonctionnement du réseau.
En ce qui concerne le fonctionnement, la Coordination constata que le fonctionnement qui avait prévalu jusqu'à présent, à savoir la prise en charge quasi totale par le secrétariat français des tâches de coordination européennes, était maintenant dépassé par le développement du réseau dans les autres pays. Déjà pour la campagne Cologne 99 les secrétariats français, allemands, belges et luxembourgeois avaient travaillé en synergie constante. La coordination a donc mandaté le secrétariat français pour mettre en place un « bureau de coordination européen » du Réseau des Marches européennes en l'an 2000. La première réunion de ce bureau devrait se tenir, après discussion dans les coordinations de chaque pays pour désigner leurs représentant(e)s, avant le sommet de Lisbonne, c'est-à-dire début février. Il a été aussi souhaité, en fonction des possibilités financières, de tenir deux Coordinations du réseau par année. (Décision approuvée par une large majorité des présent(e)s).
Des demandes de subventions ont été faites tant à l'échelon national
qu'européen. Si nous les obtenons, elles devraient permettre de prendre en
charge la part des voyages et hébergement (qui pénalisent le plus souvent
les pays du sud de l'Europe) pour nos réunions, de mettre en place un site
internet, de sortir un bulletin multilingue plus régulier et surtout
d'assurer les traductions pour toutes nos activités, ce qui est notre grande
faiblesse actuelle. Par contre, nos capacités d'initiatives et d'actions ne
doivent en rien dépendre de ces subventions.
La commission « Minima sociaux » s'est donnée pour objectif de définir une revendication commune européenne d'un seuil de minima sociaux en dessous duquel il n'est pas acceptable de demander à un citoyen ou à un habitant de l'Union européenne de vivre « décemment ». Afin d'avancer dans le débat, un document avait été réalisé au préalable par des militants à partir des données européennes disponibles. La commission « minima sociaux » a relevé plusieurs points qui appellent la vigilance et la résistance de notre mouvement :
|
Rendez-vous institutionnels
Compte-rendu :
|
Après avoir fait ces constats, la commission « minima sociaux » a réaffirmé
sa volonté de faire cesser le jeu de la concurrence entre les chômeurs et
les travailleurs des Etats de l'Union européenne et de revendiquer une
homogénéisation par le haut de tout ce qui touche au travail, au social, à
la répartition des richesses. Les chômeuses, chômeurs et les précaires
refusent de se laisser imposer des sous-statuts de citoyen(ne)s et de
travailleuses et travailleurs. Nous représentons un potentiel de créativité
pour la société et devons être considéré(e)s comme tel. Les campagnes de
culpabilisation engendrent le mal-être et la misère. Et la misère déclenche
la colère de celles et ceux qui souffrent et qui refusent les inégalités.
Un cadre commun de revendication européenne d'un revenu individuel garanti a donc été discuté et proposé : Pour une majorité des participant(e)s ce cadre commun s'appuie sur la mesure utilisée par l'Union européenne : le PIB par tête d'habitant. Un pourcentage du PIB serait défini, comme le seuil en dessous duquel il ne serait pas acceptable de descendre dans aucun pays pour fixer le « niveau de ressources conforme à la dignité humaine ». D'autres préfèrent prendre en compte des critères différents comme la satisfaction des besoins et leur quantification ( base de calcul du SMIC en France par exemple). Décision (votée à l'unanimité des présent(e)s) :constitution d'un groupe de travail permanent (ouvert à tous celles et ceux qui le souhaitent) avec pour tâches :
3) Commission initiatives(rapport Ingrid Schindler)Rappel des échéances européennes :
Un Groupe de travail a été créé sur les questions de l'élargissement et de nos rapports avec les pays de l'Est et du Sud. (Voté à une large majorité des présents). 10 et 11 décembre : journée européenne de lutte contre le chômage et la précaritéDeux journées d'action « Contre le chômage, contre les mesures de » workfare « (travail forcé), et pour un revenu décent ». Outre des actions « coups de poing », des manifestations nationales sont prévues pour le 11 dans plusieurs pays, dont la Hollande, la Finlande, l'Italie, la France...Afin de faire circuler très vite les informations, tout les collectifs locaux et nationaux qui organiseront des interventions les 10 et 11 décembre, qu'elles soient modestes ou spectaculaires, sont invités :
Présidence portugaise de l'UE : premier semestre 2000 :Durant cette période, une « charte sociale » devrait être adoptée par les gouvernements de l'UE.Projets du réseau des Marches (adoptés à une large majorité) :
Présidence française de l'UE : second semestre 2000 :Projets adoptés par la Coordination :
|
Rendez-vous institutionnels
Compte-rendu :
|