La mobilisation citoyenne, antilibérale et pro-européenne a ouvert une époque nouvelle pour l’Europe. Elle est marquée par le rejet de plus en plus fort des politiques néolibérales et de leurs effets dans toute la vie sociale. Après le succès du Non en France et aux Pays-Bas, les exigences des citoyennes et des citoyens doivent être entendues, à commencer par le retrait total du projet de constitution européenne. C’est le sens de ce texte, destiné à formuler ces exigences. Il est proposé dans chaque pays par les forces politiques, sociales, associatives qui visent à l’émancipation humaine en Europe et dans le monde.
Les initiateurs/initiatrices de cet Appel européen s’associent par ailleurs à tout processus de travail démocratique et ouvert en faveur d’une Autre Europe pour un autre monde.
Citoyennes et citoyens, résidentes et résidents, nous voulons construire pour l’Europe un avenir commun de progrès partagé. Nous voulons dépasser la crise de l’Europe néolibérale pour une Europe sociale, démocratique, féministe, écologique, pacifique, une Europe de la solidarité entre tous ses peuples et avec tous les peuples du monde. À cette fin, nous exigeons un changement fondamental des institutions et des politiques européennes et l’application de mesures immédiates. Cela implique notamment :
- l’élaboration démocratique des principes organisateurs de l’Europe, par un processus de débat public et de ratification par le suffrage universel. Le système néolibéral, non démocratique, doit laisser la place à la coopération, à la solidarité, aux droits et pouvoirs des citoyennes et des citoyens ;
- un nouveau cadre institutionnel d’une Union fondée sur les principes de liberté, d’égalité, de pluralisme, d’autodétermination des peuples, de laïcité. Appuyé sur la primauté des droits fondamentaux et des libertés de la personne, il inclura l’extension des pouvoirs de contrôle et d’intervention des citoyennes et des citoyens et des salariés dans les entreprises, le respect des droits des minorités et la subordination de toutes les instances de décision aux assemblées élues ;
- la remise en cause des rapports de domination hommes-femmes, afin d’atteindre une réelle égalité dans tous les domaines. Des mesures contraignantes seront prises à cet effet, avec une harmonisation sur les dispositions les plus progressistes, en particulier l’adoption une loi cadre contre les violences faites aux femmes.
- la lutte contre toute forme de discrimination dans la vie privée et publique ;
- des mesures d’urgence contre la pauvreté et l’exclusion sociale ;
- la mise en place d’un ensemble de politiques nouvelles, visant à éradiquer le chômage et la précarité et à sécuriser l’emploi et la formation. Cela suppose de lutter contre toute forme de dumping et de réorienter le budget, la fiscalité et le crédit, pour les mettre au service d’un nouveau type de développement respectueux de l’environnement et créateur d’emplois.
- la mobilisation de ressources pour combler le fossé existant entre les différentes parties du continent et particulièrement en faveur des pays de l’Est ;
- la remise en cause du rôle et des missions de la Banque centrale européenne, des principes du pacte de stabilité, de l’« agenda de Lisbonne » ;
- une convergence par le haut des protections sociales et des droits à rémunération (salaires, minima sociaux, indemnités de chômage, retraites, etc.) ; la reconnaissance du droit au travail et à un revenu; l’adoption d’une directive réduisant le temps de travail et améliorant ses conditions ;
- le retrait de la directive Bolkestein et de toute directive de libéralisation ; la remise en cause des privatisations réalisées depuis plus de vingt ans ; les secteurs vitaux, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la culture, doivent être libérés des règles de la concurrence ; pour cela, des secteurs publics européens doivent être créés, en articulation avec les services publics nationaux et régionaux, comme par exemple concernant l’eau et l’électricité.
- la mise en cause de la politique de libre-échange menée dans le cadre de l’OMC et l’arrêt des négociations de l’AGCS ;
- l’adoption d’une Charte européenne de l’environnement promouvant un nouveau modèle de développement et une politique agricole commune fondée sur la sécurité et la souveraineté alimentaires ;
- des politiques de développement économique, environnemental et social dans les régions délaissées et les « zones périphériques » (outre-mer) ;
- l’instauration d’une citoyenneté européenne de résidence, la régularisation des sans-papiers, la remise en cause des accords de Schengen ;
- le refus de toute logique de guerre et de militarisation de l’Union européenne, ce qui implique sa stricte indépendance vis-à-vis de l’OTAN ;
- l’augmentation de l’aide au développement de l’Union européenne et la mise en œuvre de politiques de coopération et de solidarité dans les négociations internationales avec les pays du Sud.
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