Marches Européennes
contre le chômage
la précarité et les exclusions

logo euromarches
em08a

LES CHÔMEURS EN RUSSIE

Résumé de l’intervention d’Eric Aragon (membre du groupe de travail élargissement Est du FSE) à partir des données transmises par Carine Clément (Attac-Russie)

Pourcentage de chômeurs selon la méthode de calcul du BIT: 8% de la population active (5,8 millions). Pourcentage de chômeurs officiellement enregistrés par les services de l’État: 2,2% (1,6 million dont 324000 en Tchétchénie).

La différence s’explique par le fait que les indemnités chômage sont extrêmement faibles, de même que les services d’aide au retour à l’emploi.

Depuis la réforme de 2001, le fond pour l’emploi ne gère plus les indemnités, celles-ci étant intégrées à une ligne du budget d’État. Le but est de réduire le montant des indemnités en fixant un maximum (le minimum vital régional) et en distribuant à tous à peu près la même somme. Avant 2001, les employeurs payaient une cotisation au fond pour l’emploi équivalant à 1,5% de la masse salariale. Depuis la réforme de 2001, ils paient un « impôt social unique » s’élevant à 28% et couvrant à la fois les retraites, l’assurance-maladie, l’assurance- chômage et toutes les autres assurances sociales (famille , etc.). Inutile de préciser que dans les projets de réforme du nouveau gouvernement, on trouve une réduction de l’impôt social unique à 20%!

La majorité des chômeurs ne reçoivent aucune indemnité (même parmi les enregistrés, de 20 à 50% ne touchent pas d’indemnités). Les non-enregistrés ne sont pas indemnisés.

Quant au chômeur enregistré, s’il refuse plus de deux emplois proposés en dix jours, il est radié des listes. Il est interdit de rester sur les listes plus d’un an… Le montant des indemnités est fortement régressif. En théorie, les indemnités sont fonction du salaire reçu au cours des trois derniers mois. En fait, elles représentent en moyenne de 10 à 30% du salaire moyen: soit en janvier 2004 de 600 à 1800 roubles (de 15 à 45 euros) par mois. En 2001, près de la moitié des indemnisés recevait des indemnités à hauteur du plafond minimal, soit de 100 à 300 roubles (de 3 à 10 euros) par mois ou de 6,7 à 20% du minimum vital.

Il est important de noter l’importance du chômage caché ou informel, ainsi que celle du travail informel. Aux chômeurs non enregistrés et non indemnisés (parmi lesquels il faut compter la grande majorité des salariés qui « démissionnent volontairement » après avoir été fortement intimidés par la direction), il faut ajouter les travailleurs au statut fragile ou complètement illégal: travailleurs illégaux, travail au noir, petits boulots, travail informel, etc. Beaucoup de salariés restent formellement inscrits sur la liste des salariés d’une entreprise (pour avoir un statut, bénéficier des éventuels services sociaux de l’entreprise) mais travaillent, de fait, ailleurs ou dans l’entreprise même, à des commandes passant outre la comptabilité officielle de l’entreprise.

La situation des chômeurs déclarés se caractérise par la faiblesse des indemnités et la quasi inexistence des programmes de requalification ou d’aide à l’emploi. Les femmes et les personnes âgées sont les plus touchées (les hommes d’âge moyens préfèrent recourir au travail informel).

Il n’y a pratiquement pas de mouvement des chômeurs pour une augmentation des indemnités. Il y a des freins psychologiques – « être chômeur, c’est honteux, c’est du parasitisme » – et des freins sociaux: l’atomisation des chômeurs. Les luttes qui ont eu lieu se sont déroulées tout de suite après la fermeture des entreprises, lorsque le collectif de travail existait encore. Il s’agissait alors de luttes pour la perception des dettes de salaires qui utilisaient des modes d’action comme la récupération d’une partie des résultats de la vente des actifs (chez Anjero-Soudjensk près de Volodia, par exemple).

L’autre problème est celui du travail ou du chômage informel. De mon point de vue, il est encore plus important et plus difficile à traiter avec les méthodes de lutte traditionnelles.

C’est l’économie de la survie et de la débrouille individuelles (qui concerne pratiquement tout le monde, y compris les salariés formellement employés avec un plein statut). Comment organiser les gens? Pour l’instant, il n’y a pas de réels exemples en ce domaine.

Les idées et perspectives:

la lutte politique pour la remise en place d’un véritable État social et pour le respect de la loi et des règles formelles au travail;
les activités sociales d’aide pratique ou économique aux chômeurs, aux travailleurs de la débrouille ou de l’informel;
le combat syndical classique pour la défense des droits des travailleurs formels, ce qui peut servir de motivation pour pousser d’autres travailleurs à, sortir de l’informel.
Les perspectives d’ouverture passent par la mise sur le devant de la scène des mouvements de chômeurs européens dans les espaces qui nous sont données.

Dans le cadre des manifestations européennes comme les FSE, il faut porter en avant les questions de l’Est de manière volontariste en proposant, par exemple, qu’une assemblée générale du FSE se tienne dans un des pays de l’Est, comme la Pologne ou la Hongrie.

Le groupe de travail « É l a rgissement Est » du FSE veut continuer à jouer pleinement son rôle d’interface entre les pays de l’Est et le FSE et aider à porter les revendications des mouvements de chômeurs des pays de l’Est.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.