Marches Européennes
contre le chômage
la précarité et les exclusions

logo euromarches
em08a

Une politique concertée et ses conséquences

Où l’on verra que les mesures auxquelles sont confrontés les chômeurs et les travailleurs plus ou moins précaires dans tous les pays de l’Europe des Quinze découlent d’une politique concertée entre les États au niveau européen

LES POLITIQUES EUROPÉENNES DE L’ EMPLOI DANS LE CADRE DE LA MONDIALISATION

Judith Dellheim (Euromärsche Deutschland)

Quiconque vit dans le système capitaliste est obligé, qu’il le veuille ou non, d’entrer de manière directe ou indirecte, dans le jeu de la concurrence. Se posent alors les questions suivantes. Sommes-nous conscients de ce fait?

Recherchons-nous et défendons-nous des marges de manœuvre pour des comportements autonomes et solidaires? Combattons- nous ce système de concurrence? Développons-nous la solidarité, avant tout avec ceux qui sont les plus exclus?

C’est dans ce contexte que nous devrions discuter de la politique européenne de l’emploi, analyser ses contradictions et développer des stratégies contre cette concurrence. En ce qui concerne la politique de l’emploi de l’UE, qui n’est en fait qu’une politique du marché du travail (il ne s’agit pas de créer des emplois supplémentaires permettant une vie décente, socialement utiles et qu’on pourrait donc aussi justifier d’un point de vue écologique), quatre aspects sont fondamentaux:

On ne peut pas la séparer de la politique globale de l’UE. Celle-ci est, en dernière analyse, néolibérale et militariste.
Il s’agit toujours d’une réaction à une pression venant d’en bas.
De même, l’UE tente de réagir à des problèmes réels comme celui du chômage de masse.
Elle est la résultante de politiques nationales qui ne sont pas identiques. Les différences concrètes peuvent fournir des angles d’attaque pour des stratégies de gauche (en Finlande, la politique de l’emploi diffère de celle pratiquée en Grande-Bretagne).
L’histoire de la politique de l’emploi de l’UE est celle d’une concurrence qui ne cesse de croître. Celle-ci se présente sous la forme d’une concurrence entre les entreprises et leur personnel, entre les États et les régions économiques à l’échelle mondiale. En même temps, le poids des grands groupes, des marchés financiers devenus relativement indépendants et des capitaux les plus puissants a augmenté à chaque niveau, mondial, européen, de l’UE et de ses États membres, des régions et des communes.

Ainsi l’ont voulu l’UE et ceux qui y détiennent le pouvoir. Mais les gouvernants et les administrations ne veulent pas accepter les conséquences de la concurrence dans toute leur ampleur, y compris, entre autres, pour des raisons de pression sociale. Les entreprises veulent réussir sur le marché et veulent, pour abaisser le coût de revient unitaire, diminuer leur contribution à la société. Mais il faut que la société soit ainsi faite que toujours elle leur fournisse de la main-d’œuvre s u ffisamment qualifiée, tienne à disposition les ressources nécessaires, assure la sécurité des sites de production et des marchés, garantisse des facteurs environnementaux comme la propreté de l’air et de l’eau. Donc, afin d’augmenter les parts concrètes de marché et les profits, il faut déréguler, privatiser et réduire les impôts.

Mais il faut que la société fonctionne. Les gouvernements répondent à ces attentes: ils dérégulent et privatisent mais veulent garder la maîtrise des questions de société. Comme les recettes publiques diminuent en raison des cadeaux fiscaux faits aux grands groupes et aux riches, ils augmentent la pression sur ceux qui sont dépendants des transferts sociaux: les demandeurs d’asile, les pauvres, les chômeurs, les retraité(e)s. Ils exigent de chaque individu qu’il dépense davantage pour sa formation, sa santé, son « employabilité » et sa protection sociale, sans créer les conditions pour qu’il en ait aussi les moyens! Pour se justifier, ils font référence aux « conditions imposées par la concurrence entre les sites d’im – plantation ».

L’ UNION EUROPÉENNE NE FAIT QUE RENFORCER TOUTES CES TENDANCES

Lorsqu’au printemps 2000 à Lisbonne les chefs de gouvernement ont décidé de faire de l’UE la région économique la plus dynamique du monde, fondée sur la connaissance, ils étaient en majorité des sociaux-démocrates. Ils parlaient de plein emploi, de développement durable et de cohésion sociale.

Que s’était-il passé? Le chômage de masse et son coût n’avaient cessé de croître depuis des années et c’est la raison pour laquelle la plupart des élections avaient finalement été favorables aux sociaux-démocrates. Aux États-Unis, le PIB et la productivité augmentaient, alors que le chômage baissait, alors qu’augmentaient aussi la violence et le nombre de « travailleurs pauvres », ce dont les dirigeants sociaux démocrates ne voulaient pas. La guerre au Kosovo avait révélé des écarts technologiques importants entre les systèmes d’armement américains et européens. Les États-Unis étaient importunés par certaines conférences écologiques internationales. Ceci a amené « nos » chefs de gouvernement à lancer ce défi, bien qu’ils auraient dû savoir que:

celui qui veut atteindre des coûts de production inférieurs à ceux des entreprises américaines ne peut pas réaliser des investissements socialement nécessaires;
celui qui mise sur la croissance dans la compétition internationale ne peut pas entreprendre une transformation écologique;
celui qui veut sortir vainqueur de la compétition internationale, exacerbe la concurrence, multiplie et exporte aussi bien les problèmes sociaux que les problèmes écologiques et rend plus aiguës les questions existentielles de l’humanité.
L’UE table sur la concurrence et utilise sa politique de l’emploi pour accroître cette dernière:

  • elle oblige les personnes à accepter un travail rémunéré, indépendamment du fait qu’il garantisse ou non une vie décente, qu’il ait ou non du sens;
  • elle veut rendre de plus en plus de gens opérationnels sur le marché du travail, sans créer de nouveaux emplois;
  • elle vise à aider les personnes et les entreprises à devenir « bonnes pour le marché mondial »;
  • elle exige davantage de « mobilité » de la part des salariés;
  • elle punit les vaincus de la compétition.

Ces cinq facteurs sont aggravés par l’élargissement de l’UE, par le rôle qu’elle joue dans les institutions mondiales comme le GATT, par ses activités concrètes dans des pays tiers, par les défis lancés à d’autres acteurs de l’économie mondiale et par la militarisation de la politique extérieure qui provoque une nouvelle course aux armements.

C’est justement grâce à l’élargissement de l’UE que « nos » puissants et « nos » gouvernants veulent obtenir des avantages dans la compétition mondiale. Ils continuent à développer la concurrence au niveau du marché par le dumping social et salaria. L’UE et son marché intérieur s’agrandissant, le marché du travail et l’offre de main-d’œuvre à meilleur ou à bon marché croissent également, le nombre de faillites et donc de chômeurs augmente dans les pays (qui vont adhérer), les principes et les recommandations de l’UE en matière de politique de l’emploi sont imposés aux nouveaux membres.

Tout ceci se fait derrière le slogan « Nous créons le plein emploi ». Sans même définir ce que cela veut dire. Pour conclure: le plein emploi signifie donner à toute personne qui le désire la possibilité d’exercer une activité permettant une vie décente et ayant un sens. La lutte solidaire pour défendre, renforcer et élargir les droits des salariés et des chômeurs et développer la démocratie économique constitue la stratégie principale pour que cette vision devienne réalité.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.