{"id":1418,"date":"2004-05-24T07:22:55","date_gmt":"2004-05-24T05:22:55","guid":{"rendered":"https:\/\/euromarches.org\/?p=1418"},"modified":"2020-12-17T07:28:38","modified_gmt":"2020-12-17T06:28:38","slug":"une-politique-concertee-et-ses-consequences","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/euromarches.org\/une-politique-concertee-et-ses-consequences\/","title":{"rendered":"Une politique concert\u00e9e et ses cons\u00e9quences"},"content":{"rendered":"

O\u00f9 l\u2019on verra que les mesures auxquelles sont confront\u00e9s les ch\u00f4meurs et les travailleurs plus ou moins pr\u00e9caires dans tous les pays de l\u2019Europe des Quinze d\u00e9coulent d\u2019une politique concert\u00e9e entre les \u00c9tats au niveau europ\u00e9en<\/p>\n

LES POLITIQUES EUROP\u00c9ENNES DE L\u2019 EMPLOI DANS LE CADRE DE LA MONDIALISATION<\/h3>\n

Judith Dellheim (Eurom\u00e4rsche Deutschland)<\/p>\n

Quiconque vit dans le syst\u00e8me capitaliste est oblig\u00e9, qu\u2019il le veuille ou non, d\u2019entrer de mani\u00e8re directe ou indirecte, dans le jeu de la concurrence. Se posent alors les questions suivantes. Sommes-nous conscients de ce fait?<\/p>\n

Recherchons-nous et d\u00e9fendons-nous des marges de man\u0153uvre pour des comportements autonomes et solidaires? Combattons- nous ce syst\u00e8me de concurrence? D\u00e9veloppons-nous la solidarit\u00e9, avant tout avec ceux qui sont les plus exclus?<\/p>\n

C\u2019est dans ce contexte que nous devrions discuter de la politique europ\u00e9enne de l\u2019emploi, analyser ses contradictions et d\u00e9velopper des strat\u00e9gies contre cette concurrence. En ce qui concerne la politique de l\u2019emploi de l\u2019UE, qui n\u2019est en fait qu\u2019une politique du march\u00e9 du travail (il ne s\u2019agit pas de cr\u00e9er des emplois suppl\u00e9mentaires permettant une vie d\u00e9cente, socialement utiles et qu\u2019on pourrait donc aussi justifier d\u2019un point de vue \u00e9cologique), quatre aspects sont fondamentaux:<\/p>\n

On ne peut pas la s\u00e9parer de la politique globale de l\u2019UE. Celle-ci est, en derni\u00e8re analyse, n\u00e9olib\u00e9rale et militariste.
\nIl s\u2019agit toujours d\u2019une r\u00e9action \u00e0 une pression venant d\u2019en bas.
\nDe m\u00eame, l\u2019UE tente de r\u00e9agir \u00e0 des probl\u00e8mes r\u00e9els comme celui du ch\u00f4mage de masse.
\nElle est la r\u00e9sultante de politiques nationales qui ne sont pas identiques. Les diff\u00e9rences concr\u00e8tes peuvent fournir des angles d\u2019attaque pour des strat\u00e9gies de gauche (en Finlande, la politique de l\u2019emploi diff\u00e8re de celle pratiqu\u00e9e en Grande-Bretagne).
\nL\u2019histoire de la politique de l\u2019emploi de l\u2019UE est celle d\u2019une concurrence qui ne cesse de cro\u00eetre. Celle-ci se pr\u00e9sente sous la forme d\u2019une concurrence entre les entreprises et leur personnel, entre les \u00c9tats et les r\u00e9gions \u00e9conomiques \u00e0 l\u2019\u00e9chelle mondiale. En m\u00eame temps, le poids des grands groupes, des march\u00e9s financiers devenus relativement ind\u00e9pendants et des capitaux les plus puissants a augment\u00e9 \u00e0 chaque niveau, mondial, europ\u00e9en, de l\u2019UE et de ses \u00c9tats membres, des r\u00e9gions et des communes.<\/p>\n

Ainsi l\u2019ont voulu l\u2019UE et ceux qui y d\u00e9tiennent le pouvoir. Mais les gouvernants et les administrations ne veulent pas accepter les cons\u00e9quences de la concurrence dans toute leur ampleur, y compris, entre autres, pour des raisons de pression sociale. Les entreprises veulent r\u00e9ussir sur le march\u00e9 et veulent, pour abaisser le co\u00fbt de revient unitaire, diminuer leur contribution \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9. Mais il faut que la soci\u00e9t\u00e9 soit ainsi faite que toujours elle leur fournisse de la main-d\u2019\u0153uvre s u ffisamment qualifi\u00e9e, tienne \u00e0 disposition les ressources n\u00e9cessaires, assure la s\u00e9curit\u00e9 des sites de production et des march\u00e9s, garantisse des facteurs environnementaux comme la propret\u00e9 de l\u2019air et de l\u2019eau. Donc, afin d\u2019augmenter les parts concr\u00e8tes de march\u00e9 et les profits, il faut d\u00e9r\u00e9guler, privatiser et r\u00e9duire les imp\u00f4ts.<\/p>\n

Mais il faut que la soci\u00e9t\u00e9 fonctionne. Les gouvernements r\u00e9pondent \u00e0 ces attentes: ils d\u00e9r\u00e9gulent et privatisent mais veulent garder la ma\u00eetrise des questions de soci\u00e9t\u00e9. Comme les recettes publiques diminuent en raison des cadeaux fiscaux faits aux grands groupes et aux riches, ils augmentent la pression sur ceux qui sont d\u00e9pendants des transferts sociaux: les demandeurs d\u2019asile, les pauvres, les ch\u00f4meurs, les retrait\u00e9(e)s. Ils exigent de chaque individu qu\u2019il d\u00e9pense davantage pour sa formation, sa sant\u00e9, son \u00ab employabilit\u00e9 \u00bb et sa protection sociale, sans cr\u00e9er les conditions pour qu\u2019il en ait aussi les moyens! Pour se justifier, ils font r\u00e9f\u00e9rence aux \u00ab conditions impos\u00e9es par la concurrence entre les sites d\u2019im – plantation \u00bb.<\/p>\n

L\u2019 UNION EUROP\u00c9ENNE NE FAIT QUE RENFORCER TOUTES CES TENDANCES<\/h3>\n

Lorsqu\u2019au printemps 2000 \u00e0 Lisbonne les chefs de gouvernement ont d\u00e9cid\u00e9 de faire de l\u2019UE la r\u00e9gion \u00e9conomique la plus dynamique du monde, fond\u00e9e sur la connaissance, ils \u00e9taient en majorit\u00e9 des sociaux-d\u00e9mocrates. Ils parlaient de plein emploi, de d\u00e9veloppement durable et de coh\u00e9sion sociale.<\/p>\n

Que s\u2019\u00e9tait-il pass\u00e9? Le ch\u00f4mage de masse et son co\u00fbt n\u2019avaient cess\u00e9 de cro\u00eetre depuis des ann\u00e9es et c\u2019est la raison pour laquelle la plupart des \u00e9lections avaient finalement \u00e9t\u00e9 favorables aux sociaux-d\u00e9mocrates. Aux \u00c9tats-Unis, le PIB et la productivit\u00e9 augmentaient, alors que le ch\u00f4mage baissait, alors qu\u2019augmentaient aussi la violence et le nombre de \u00ab travailleurs pauvres \u00bb, ce dont les dirigeants sociaux d\u00e9mocrates ne voulaient pas. La guerre au Kosovo avait r\u00e9v\u00e9l\u00e9 des \u00e9carts technologiques importants entre les syst\u00e8mes d\u2019armement am\u00e9ricains et europ\u00e9ens. Les \u00c9tats-Unis \u00e9taient importun\u00e9s par certaines conf\u00e9rences \u00e9cologiques internationales. Ceci a amen\u00e9 \u00ab nos \u00bb chefs de gouvernement \u00e0 lancer ce d\u00e9fi, bien qu\u2019ils auraient d\u00fb savoir que:<\/p>\n

celui qui veut atteindre des co\u00fbts de production inf\u00e9rieurs \u00e0 ceux des entreprises am\u00e9ricaines ne peut pas r\u00e9aliser des investissements socialement n\u00e9cessaires;
\ncelui qui mise sur la croissance dans la comp\u00e9tition internationale ne peut pas entreprendre une transformation \u00e9cologique;
\ncelui qui veut sortir vainqueur de la comp\u00e9tition internationale, exacerbe la concurrence, multiplie et exporte aussi bien les probl\u00e8mes sociaux que les probl\u00e8mes \u00e9cologiques et rend plus aigu\u00ebs les questions existentielles de l\u2019humanit\u00e9.
\nL\u2019UE table sur la concurrence et utilise sa politique de l\u2019emploi pour accro\u00eetre cette derni\u00e8re:<\/p>\n