{"id":1446,"date":"2004-05-24T08:58:33","date_gmt":"2004-05-24T06:58:33","guid":{"rendered":"https:\/\/euromarches.org\/?p=1446"},"modified":"2020-12-17T09:07:56","modified_gmt":"2020-12-17T08:07:56","slug":"rapports-des-quatre-commissions","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/euromarches.org\/rapports-des-quatre-commissions\/","title":{"rendered":"RAPPORTS DES QUATRE COMMISSIONS"},"content":{"rendered":"
Mod\u00e9ration: Angela Klein (Euromarches, Allemagne), Patrice Spadoni (Marches europ\u00e9ennes, Canal Marches)<\/p>\n
Jean-Louis Chesneau (APEIS, France), rapporteur; animation par Fred Heyar(ACC, Luxembourg), Yves Martens (Collectif Solidarit\u00e9 contre l\u2019exclusion, Belgique), Goumbale Ibrahima (S.in.Cobas, Italie), Lara Winter (Marches europ\u00e9ennes, France) et Luigia Pasi (S.in.Cobas, Italie)<\/p>\n
Il faut souligner que nous abordons le th\u00e8me de l\u2019immigration \u00e0 Bruxelles o\u00f9 si\u00e8ge la Commission europ\u00e9enne et o\u00f9 se r\u00e9unit le Conseil des ministres de l\u2019Europe. C\u2019est ici que se d\u00e9cident, souvent \u00e0 notre insu, l\u2019avenir de l\u2019Europe, notre avenir et celui de nos enfants. On ne peut appr\u00e9hender les questions li\u00e9es \u00e0 l\u2019immigration sans prendre en compte les th\u00e8mes des trois autres commissions:<\/p>\n
\u00c9largissement de l\u2019Europe: nouvelles situations et perspectives pour le mouvement social.
\nRevenus, emplois pr\u00e9caires, dumping social.
\nDroits sociaux, citoyennet\u00e9 et questions constitutionnelles.
\nD\u2019autre part, on se doit de prendre en compte le contexte mondial, g\u00e9opolitique et macro-\u00e9conomique, dans lequel nous nous questionnons.<\/p>\n
La question de l\u2019immigration est particuli\u00e8rement importante parce qu\u2019elle concerne chacune et chacun. Elle prend en compte l\u2019histoire des peuples, de tous les peuples, comme l\u2019histoire de nos pays d\u2019origines et des pays dans lesquels nous vivons, qu\u2019ils soient choisis ou non. Elle touche \u00e0 nos diversit\u00e9s culturelles, linguistiques et socioculturelles. L\u2019 immigration, c\u2019est l\u2019histoire de l\u2019humanit\u00e9, L\u2019immigration nous touche subjectivement et affectivement, parce qu\u2019elle est une interrogation sur l\u2019identit\u00e9, et ce, quel que soit notre avis sur la question, quelles que soient nos certitudes ou nos doutes \u00e0 propos de ce qui est bien ou non, pour les populations migrantes.<\/p>\n
Comme il a \u00e9t\u00e9 rappel\u00e9 au cours de la conf\u00e9rence, l\u2019Europe se construit, sans nous, sans les priv\u00e9s d\u2019emploi ni les pr\u00e9caires, sans aucune concertation avec les plus d\u00e9favoris\u00e9s, sur des bases qui ne sont pas les n\u00f4tres. Il en est de m\u00eame pour les immigr\u00e9s, Dans cette commission, nous \u00e9tions belges, fran\u00e7ais, hollandais, italiens, italien d\u2019origine s\u00e9n\u00e9galaise, luxembourgeois, c\u2019est dire que ce n\u2019\u00e9tait pas un panel repr\u00e9sentatif de l\u2019Europe des Vingt-cinq. Pourtant, nous avons pu faire l\u2019observation de points communs:<\/p>\n
On enregistre des r\u00e9actions x\u00e9nophobes et agressives de plus en plus nombreuses \u00e0 l\u2019\u00e9gard des immigr\u00e9es. Elles sont tr\u00e8s souvent l\u2019expression d\u2019un nationalisme exacerb\u00e9 par les difficult\u00e9s \u00e9conomiques.
\nCes populations immigr\u00e9es viennent en Europe de l\u2019Ouest pour trouver du travail, pour pouvoir nourrir leur famille, mais aussi pour apprendre, pour se former.
\nLes agressions de plus en plus fr\u00e9quentes contre certaines communaut\u00e9s d\u2019immigr\u00e9s traduisent de fa\u00e7on criante les in\u00e9galit\u00e9s dont ils sont victimes.
\nSans travail, sans toit, ils subissent encore plus que les autres la violence sociale.
\nIls sont expos\u00e9s aux discriminations, aux agressions x\u00e9nophobes et racistes qui se traduisent parfois par de violentes agressions physiques.
\nCertains d\u2019entre nous s\u2019interrogent sur les choix possibles entre action, r\u00e9formisme et r\u00e9volution, dans un contexte qui est celui de l\u2019urgence.<\/p>\n
Associatifs et comit\u00e9s de soutien aux immigr\u00e9s, nous sommes confront\u00e9s quotidiennement \u00e0 la d\u00e9tresse et \u00e0 la solitude de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants, qui ne parlent pas la langue du pays d\u2019\u00ab accueil \u00bb, qui ont de grandes difficult\u00e9s d\u2019expression de soi, qui ont perdu leurs rep\u00e8res traditionnels.<\/p>\n
Il est clair que l\u2019immigration est int\u00e9gr\u00e9e dans la logique capitaliste des employeurs et des politiciens qui pr\u00f4nent l\u2019\u00e9conomie lib\u00e9rale. C\u2019est un moyen de plus de la gestion humaine de l\u2019emploi. Les immigr\u00e9s, corv\u00e9ables \u00e0 merci, sont consid\u00e9r\u00e9s comme une \u00ab marchandise comme une autre \u00bb. Ils sont utilis\u00e9s comme un moyen au service d\u2019une strat\u00e9gie qui conduit vers toujours plus d\u2019argent pour les fonds de pensions et les nantis et encore moins de partage des richesses avec les plus d\u00e9munis.<\/p>\n
Deux exemples parmi d\u2019autres. \u00c0 Saint-Nazaire en France, les Chantiers navals de l\u2019Atlantique emploient de plus en plus (voire exclusivement pour certaines qualifications) des \u00e9trangers. Comme, par exemple, des soudeurs polonais form\u00e9s sur les chantiers de Pologne qui ne produisent plus de navires aujourd\u2019hui. Ils sont mieux pay\u00e9s qu\u2019en Pologne, mais beaucoup moins que les travailleurs fran\u00e7ais. De plus, ils sont engag\u00e9s par des entreprises \u00e9trang\u00e8res qui ne sont pas soumises au droit du travail fran\u00e7ais.<\/p>\n
En Espagne, en Andalousie, dans les exploitations agricoles, aujourd\u2019hui les Marocains sous-pay\u00e9s sont remplac\u00e9s par des Roumains moins expos\u00e9s au racisme local. Pour terminer, la commission reprend \u00e0 son compte, la proposition de nos amis italiens de S.in.Cobas Immigr\u00e9s que le R\u00e9seau des marches europ\u00e9ennes fasse le plus rapidement possible un appel pressant aupr\u00e8s des institutions et organismes europ\u00e9ens et nationaux pour: d\u00e9fendre le droit \u00e0 la r\u00e9gularisation de tous les immigr\u00e9s; r\u00e9clamer la fermeture des centres de r\u00e9tentions (et l\u2019arr\u00eat imm\u00e9diat de tous les projets de construction) o\u00f9 les immigr\u00e9s en attente d\u2019expulsion sont parqu\u00e9s dans des conditions inadmissibles et souvent victimes de brutalit\u00e9s physiques insupportables.<\/p>\n
Michel Rousseau (Euromarches) rapporteur; animation par Sonia Mitralias (Marche mondiale des femmes) et L\u00e9o Gabriel (Euromarches, Autriche)<\/p>\n
Depuis sa naissance en 1950 avec la CECA (Communaut\u00e9 \u00e9conomique du charbon et de l\u2019acier), l\u2019Europe \u00e9conomique lib\u00e9rale n\u2019a cess\u00e9 de se renforcer et structurer tout en passant de six \u00e0 vingt-cinq membres. Il n\u2019en a pas \u00e9t\u00e9 de m\u00eame au niveau social. Si le Conseil de l\u2019Europe signait une Charte sociale en 1961, si la CES a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9e en 1973, il a fallu attendre la fin du si\u00e8cle pour que d\u00e9bute le d\u00e9bat sur la place des droits sociaux dans l\u2019UE. Et ce, dans un contexte de ch\u00f4mage de masse et de longue dur\u00e9e, de remise en cause des droits acquis dans chacun des pays pour\u00ab ne pas entraver le march\u00e9 et la concurrence \u00bb. Une convention ad hoc peut pour mission d\u2019\u00e9laborer une Charte des droits fondamentaux.<\/p>\n
Celle-ci fut proclam\u00e9e lors du sommet de Nice, puis int\u00e9gr\u00e9e dans le projet de trait\u00e9 constitutionnel. Toutes les organisations la jugent largement insuffisante, notamment en ce qui concerne les droits sociaux qu\u2019elle ignore tout simplement.<\/p>\n
Certains pensent que \u00ab c\u2019est mieux que rien \u00bb, d\u2019autres qu\u2019il vaut mieux rien que ce texte inacceptable. En effet, les droits du travail, notamment le droit \u00e0 un revenu pour vivre, n\u2019y figurent pas.<\/p>\n
La bataille pour le maintien et l\u2019\u00e9largissement des droits sociaux au niveau europ\u00e9en est donc d\u2019une br\u00fblante actualit\u00e9. D\u00e8s le sommet de Nice en 2000, puis lors de ceux de Bruxelles en 2001, de Thessalonique en 2003, \u00e0 l\u2019occasion des Forums sociaux europ\u00e9ens de Florence et Paris, des r\u00e9seaux comme celui des Marches europ\u00e9ennes, de Transform, des Ligues des droits de l\u2019Homme se sont rencontr\u00e9 pour confronter leurs analyses et leurs attentes en mati\u00e8re de droits fondamentaux et sociaux sur le continent europ\u00e9en.<\/p>\n
C\u2019est ainsi que fut cr\u00e9\u00e9, fin 2003, le R\u00e9seau pour une Europe d\u00e9mocratique et sociale \u00ab pour une Europe d\u00e9mocratique, de la citoyennet\u00e9, des droits sociaux, de l\u2019\u00e9galit\u00e9 et de la paix \u00bb (voir en annexe le texte de synth\u00e8se des travaux effectu\u00e9s par ce r\u00e9seau, synth\u00e8se \u00e0 laquelle l\u2019atelier souhaitait ajouter le droit de gr\u00e8ve au niveau europ\u00e9en). Ce r\u00e9seau entend participer aux d\u00e9bats sur le projet de trait\u00e9 constitutionnel et surtout prendre les initiatives n\u00e9cessaires pour maintenir et \u00e9largir les droits sociaux \u00e0 toute l\u2019Europe, dans les textes et dans les faits. D\u2019autant plus qu\u2019apr\u00e8s le fiasco de la conf\u00e9rence intergouvernementale de Bruxelles en 2004, l\u2019acc\u00e9l\u00e9ration du calendrier donne une importance particuli\u00e8re au processus engag\u00e9 qui n\u00e9cessitera, selon les participant(e)s \u00e0 l\u2019atelier, une vigilance et une mobilisation permanentes des citoyen(ne)s et des peuples de l\u2019UE.<\/p>\n
Collectif belge des Marches europ\u00e9ennes, Christelle Blanc Lanaute (AC!, France) et Willi L\u00fcpkes (Euromarches, Allemagne)<\/p>\n
La commission s\u2019est d\u2019abord pench\u00e9e sur la situation allemande dans le cadre de la mise en \u0153uvre de l\u2019Agenda 2010. Ce que pr\u00e9voit ce plan de r\u00e9formes du gouvernement Schr\u00f6der rejoint tr\u00e8s largement les analyses faites depuis plusieurs ann\u00e9es par les Euromarches sur les grandes orientations de politique \u00e9conomique (GOPE) et sur les lignes directrices pour l\u2019emploi n\u00e9goci\u00e9es par les gouvernements nationaux et la Commission europ\u00e9enne.<\/p>\n
L\u2019agenda allemand entend notamment fusionner les allocations de ch\u00f4mage, qui rel\u00e8vent traditionnellement du domaine de l\u2019assurance sociale, avec le r\u00e9gime d\u2019assistance. Les montants vers\u00e9s aux ch\u00f4meurs sont tr\u00e8s nettement revus \u00e0 la baisse. La nouvelle r\u00e9glementation impose aux ch\u00f4meurs d\u2019accepter tout emploi, quelles que soient les conditions de revenu qu\u2019il procure (y compris, apr\u00e8s un an de ch\u00f4mage, si l\u2019emploi propos\u00e9 est moins pay\u00e9 que ne le pr\u00e9voient les conventions n\u00e9goci\u00e9es par les syndicats) et les qualifications de l\u2019int\u00e9ress\u00e9.<\/p>\n
Ceci s\u2019ins\u00e8re plus largement dans un contexte de d\u00e9gradation de l\u2019emploi, avec une augmentation des licenciements, que le patronat cherche \u00e0 rendre plus ais\u00e9s, et une explosion des contrats \u00e0 dur\u00e9e d\u00e9termin\u00e9e. Les soins de sant\u00e9 sont en cours de privatisation accrue, l\u2019\u00e2ge de la retraite est relev\u00e9 et le niveau des pensions est r\u00e9duit. Alors que les all\u00e9gements fiscaux sur les gros revenus se multiplient.<\/p>\n
La situation actuelle en Allemagne rejoint celle des autres pays, comme en t\u00e9moignent les participants \u00e0 la commission: la pauvret\u00e9 s\u2019accro\u00eet, le fait d\u2019avoir un travail ne prot\u00e8ge plus les salari\u00e9s et les ch\u00f4meurs sont forc\u00e9s d\u2019accepter des emplois pr\u00e9caires et tr\u00e8s mal r\u00e9mun\u00e9r\u00e9s afin de ne pas perdre leur droit \u00e0 de maigres allocations.<\/p>\n
\u00c0 partir de ces \u00e9l\u00e9ments, les d\u00e9bats ont port\u00e9 sur le revenu minimum, le salaire minimum et le montant minimum que doit atteindre une allocation de ch\u00f4mage. Le constat auquel les participants \u00e0 la commission sont arriv\u00e9s est qu\u2019il est n\u00e9cessaire de bien distinguer revenu minimum et salaire minimum dans les analyses et les prises de position. Mais il est tout aussi indispensable de garder \u00e0 l\u2019esprit que ces deux sources de revenus, auxquelles il faut ajouter les allocations de ch\u00f4mage, s\u2019influencent mutuellement. Ainsi, patronat, Commission europ\u00e9enne et gouvernements nationaux s\u2019entendent pour faire diminuer fortement (ou supprimer dans certains cas) le niveau des allocations de ch\u00f4mage et du revenu minimum, afin de pouvoir ensuite faire baisser les salaires. Les ch\u00f4meurs sont donc clairement concern\u00e9s par la question du salaire minimum, traditionnellement prise en compte par les syndicats, tout comme les salari\u00e9s actifs et les org anisations syndicales doivent n\u00e9cessairement s\u2019impliquer dans la d\u00e9fense d\u2019un niveau \u00e9lev\u00e9 d\u2019allocations de ch\u00f4mage et de revenu minimum.<\/p>\n
La question qui se pose enfin est celle de la revendication \u00e0 mettre en avant. Face \u00e0 la diversit\u00e9 des situations en Europe, les Euromarches ont propos\u00e9 depuis quelques ann\u00e9es de d\u00e9fi- nir les montants d\u2019allocations de ch\u00f4mage et de revenu minimum \u00e0 exiger en fonction d\u2019un pourcentage du produit int\u00e9rieur brut de chaque \u00c9tat. Le chiffre de 50% du PIB par habitant a \u00e9t\u00e9 avanc\u00e9 pour estimer le revenu minimum auquel devrait avoir droit tout habitant de l\u2019UE priv\u00e9 de revenus suffisants.<\/p>\n
Les participants ont rediscut\u00e9 de ce montant et se sont accord\u00e9s pour poursuivre leur comparaison des situations nationales afin de savoir si cette revendication reste la plus adapt\u00e9e aux diverses r\u00e9alit\u00e9s nationales. Le but du groupe est clair : la d\u00e9finition d\u2019une revendication applicable larg ement est une priorit\u00e9 en mati\u00e8re de revenu minimum et d\u2019allocations de ch\u00f4mage afin de stopper la paup\u00e9risation des personnes priv\u00e9es d\u2019emploi et de prot\u00e9ger les salari\u00e9s en emp\u00eachant de nouvelles baisses de salaires.<\/p>\n
Jacques Desideri (AC!, France) rapporteur; animation par Christian K\u00f6pcke (Euromarches, Allemagne) et Frank Slegers (Collectif belge des Marches europ\u00e9ennes).<\/p>\n
L\u2019\u00e9largissement. Christian K\u00f6pcke situe l\u2019importance de cette ouverture pour l\u2019Allemagne et notamment les r\u00e9gions frontali\u00e8res. Les niveaux de vie sont diff\u00e9rents, les conditions de vie \u00e0 l\u2019Est ne font qu\u2019empirer et la corruption se d\u00e9veloppe (en Pologne, on paye l\u2019agence pour l\u2019emploi pour avoir un travail!)<\/p>\n
\u00c0 l\u2019Est, l\u2019\u00e9largissement est v\u00e9cu comme un espoir, une chance d\u2019une vie meilleure mais avec la crainte de l\u2019inconnu. \u00c0 l\u2019Ouest, l\u2019\u00e9largissement est v\u00e9cu comme une possibilit\u00e9 d\u2019agrandir le march\u00e9, de faire travailler avec des salaires moindres et de d\u00e9localiser.<\/p>\n
La question du soutien aux organisations de ch\u00f4meurs de l\u2019Est nous est pos\u00e9e: d\u00e9velopper la coop\u00e9ration, les \u00e9changes de savoir-faire et d\u2019exp\u00e9riences, la connaissance r\u00e9ciproque. En Allemagne, on a beaucoup discut\u00e9 de l\u2019\u00e9largissement \u00e0 l\u2019Est et de ses cons\u00e9quences. On commence par se conna\u00eetre, s\u2019enrichir de nos diff\u00e9rences.<\/p>\n
La situation \u00e0 l\u2019Est. Les responsables polonais des associations de ch\u00f4meurs \u00e9voquent l\u2019avenir: la majorit\u00e9 des Polonais esp\u00e8rent des effets positifs de l\u2019entr\u00e9e dans l\u2019Europe, notamment les jeunes. En Pom\u00e9ranie, les associations de ch\u00f4meurs existent depuis onze ans, c\u2019est le r\u00e9sultat d\u2019une r\u00e9volte sociale d\u00e9clench\u00e9e par l\u2019augmentation du ch\u00f4mage \u00e0 28% et l\u2019occupation des administrations officielles. S\u2019est cr\u00e9\u00e9 alors le Comit\u00e9 de d\u00e9fense des ch\u00f4meurs, association d\u00e9clar\u00e9e. Ils sont venus en France prendre des contacts et parler de la r\u00e9alit\u00e9 polonaise qui n\u2019est pas la r\u00e9alit\u00e9 officielle. La Pologne et les pays de l\u2019Europe de l\u2019Est ont fait le choix de s\u2019ouvrir \u00e0 l\u2019Ouest mais les contacts ont \u00e9t\u00e9 quasiment ferm\u00e9s avec l\u2019Est (mais il y a des contrats \u00e0 respecter avec la Russie). La Pologne aurait peut-\u00eatre pu \u00eatre un \u00e9tat neutre, autosuffisant sur le plan \u00e9conomique. Le travail au noir, non d\u00e9clar\u00e9, informel est important. De m\u00eame, il y a des ch\u00f4meurs cach\u00e9s.<\/p>\n
Nos craintes, nos propositions. Pour les Fran\u00e7ais (et pour d\u2019autres), il y a deux risques majeurs: la d\u00e9localisation d\u2019entreprises (avec suppression d\u2019emplois) et la venue de travailleurs de l\u2019Est acceptant des conditions tr\u00e8s d\u00e9favorables. On le voit d\u00e9j\u00e0 avec les routiers espagnols exploit\u00e9s (avec des horaires, des conditions de travail et des salaires \u00e0 la baisse) qui prennent la place des routiers fran\u00e7ais.<\/p>\n
On doit \u00e9laborer des r\u00e9ponses alternatives et avoir des propositions. Par exemple, il faut que partout le droit du travail soit respect\u00e9, que l\u2019harmonisation des salaires et des conditions de travail garantissent les salari\u00e9s de l\u2019Est comme de l\u2019Ouest.<\/p>\n
Nous devons casser les images, casser la peur, combattre la x\u00e9nophobie, construire des rapports de force en commun. Concernant le revenu minimum, 50% du PIB par habitant, cela fait environ 400 euros alors que le salaire moyen est de 400 euros, le salaire minimum de 200 euros. Mais les prix ne cessent d\u2019augmenter et l\u2019inflation est tr\u00e8s forte.<\/p>\n
Nous avons r\u00e9fl\u00e9chi \u00e0 l\u2019imp\u00f4t sur les machines et pas seulement sur les salaires, pour taxer les entreprises b\u00e9n\u00e9ficiaires qui travaillent avec tr\u00e8s peu de main-d\u2019\u0153uvre.<\/p>\n
Nous devons mettre en avant deux pistes: citoyennet\u00e9 de r\u00e9sidence et m\u00eame droits sociaux pour tous et insister sur les droits sociaux (les droits civils et politiques ne sont pas suffisants).<\/p>\n
Nous voulons des emplois pour tous, plus d\u2019emploi et de meilleurs emplois, une formation qualifiante adapt\u00e9e pour chacun. Nous voulons lutter contre toutes les formes de pr\u00e9carit\u00e9, CDD, temps partiel…<\/p>\n
Les droits sociaux doivent \u00eatre inscrits dans la Constitution europ\u00e9enne.<\/p>\n
Construire des luttes dans toute l\u2019Europe ? Le r\u00e9seau des Marches europ\u00e9ennes a r\u00e9ussi \u00e0 construire une revendication commune sur le revenu: un revenu garanti pas inf\u00e9rieur \u00e0 50% du PIB par habitant.<\/p>\n
Nous avons mont\u00e9 des journ\u00e9es europ\u00e9ennes d\u2019action commune: le 30 octobre sur le revenu, \u00e0 l\u2019image du 1er mai : le m\u00eame jour les m\u00eames revendications dans toute l\u2019Europe. Nous devons organiser des manifestations communes aux fronti\u00e8res le 1e r mai. \u00c0 Dublin, il y aura une manifestation europ\u00e9enne avec des d\u00e9l\u00e9gu\u00e9s venus de partout. Nous avons tous un gros travail d\u2019information et d\u2019explication \u00e0 r\u00e9aliser. Nous pouvons d\u00e9velopper les jumelages entre organisations.<\/p>\n
Quels moyens? D\u00e9velopper les \u00e9changes, se rencontrer, d\u00e9velopper des luttes, cela a un co\u00fbt et nos moyens sont tr\u00e8s faibles pour faire avancer les droits en Europe. Pourrait-on mettre en place une souscription europ\u00e9enne pour soutenir la lutte des ch\u00f4meurs? Ceci permettrait de r\u00e9colter des sous et de nous faire conna\u00eetre.<\/p>\n
Les associations de ch\u00f4meurs n\u2019ont aujourd\u2019hui ni moyens financiers ni reconnaissance. Pourtant, en Irlande, les associations de ch\u00f4meurs sont reconnues et sont des partenaires sociaux \u00e0 part enti\u00e8re.<\/p>\n
Les liens avec les syndicats. Salari\u00e9s et ch\u00f4meurs sont repr\u00e9sent\u00e9s par des organisations diff\u00e9rentes, un syndicat de salari\u00e9s prend-il en compte les probl\u00e8mes des ch\u00f4meurs? Les salari\u00e9s ont \u00e9t\u00e9 divis\u00e9s entre ceux ayant un emploi et ceux n\u2019en ayant pas.<\/p>\n
En Allemagne, il y a un d\u00e9but de collaboration entre les syndicats des salari\u00e9s et les organisations de ch\u00f4meurs, ainsi pour les manifestations du 3 avril.<\/p>\n
En Pologne, les syndicats encore trop politis\u00e9s sont tr\u00e8s peu pr\u00e9sents dans les entreprises priv\u00e9es. Les associations de ch\u00f4meurs n\u2019ont aucun soutien des syndicats qui n\u2019ont rien dit ni rien fait quand les allocations ch\u00f4mage ont baiss\u00e9. Aujourd\u2019hui, les ch\u00f4meurs jalousent les salari\u00e9s et sont trait\u00e9s de fain\u00e9ants ou de clochards…<\/p>\n
Si l\u2019on veut avancer et cr\u00e9er un rapport de forces favorable pour plus de justice et moins d\u2019in\u00e9galit\u00e9 ou d\u2019exclusion, il faudra bien que salari\u00e9s et ch\u00f4meurs s\u2019allient, que leurs organisations (syndicats et associations) travaillent ensemble.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
Modération: Angela Klein (Euromarches, Allemagne), Patrice Spadoni (Marches européennes, Canal Marches) COMMISSION IMMIGRATION Jean-Louis Chesneau (APEIS, France), rapporteur; animation par Fred Heyar(ACC, Luxembourg), Yves Martens (Collectif Solidarité contre l’exclusion, Belgique), […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[321,327],"tags":[],"yoast_head":"\n