{"id":39,"date":"2012-11-08T17:46:55","date_gmt":"2012-11-08T16:46:55","guid":{"rendered":"https:\/\/euromarches.org\/2012\/11\/08\/deja-15-ans-euromarches-bilans-et-perspectives\/"},"modified":"2020-12-01T15:49:01","modified_gmt":"2020-12-01T14:49:01","slug":"deja-15-ans-euromarches-bilans-et-perspectives","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/euromarches.org\/deja-15-ans-euromarches-bilans-et-perspectives\/","title":{"rendered":"D\u00e9j\u00e0 15 ans\u2026! Euromarches : bilans et perspectives!"},"content":{"rendered":"

Le r\u00e9seau des Marches europ\u00e9ennes (Euromarches) existe depuis une quinzaine d\u2019ann\u00e9es. Son but principal \u00e9tait et reste de combattre la mont\u00e9e du ch\u00f4mage de masse et de longue dur\u00e9e en Europe, la pr\u00e9carit\u00e9 et les exclusions qui en r\u00e9sultent. Or aujourd\u2019hui, on constate qu\u2019il n\u2019y a jamais eu autant de ch\u00f4meurs, de pr\u00e9caires et d\u2019exclus sur le continent europ\u00e9en ! Est-ce \u00e0 dire que nous avons perdu notre temps dans cette lutte ? Et surtout, que faire encore aujourd\u2019hui contre ce fl\u00e9au social?<\/p>\n

Dans un premier temps, nous rappellerons pourquoi nous avons constitu\u00e9 ce r\u00e9seau, comment il s\u2019est d\u00e9velopp\u00e9, \u00e0 quelles difficult\u00e9s il a \u00e9t\u00e9 confront\u00e9\u00a0 et nous nous interrogerons sur les perspectives de ce combat dans la situation actuelle marqu\u00e9e par des politiques d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 sans pr\u00e9c\u00e9dent.
Pourquoi nous avons cr\u00e9\u00e9 une r\u00e9seau europ\u00e9en de luttes contre le ch\u00f4mage, la pr\u00e9carit\u00e9 et les exclusions ?<\/p>\n

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A la suite du \u00ab plein emploi \u00bb des \u00ab Trente glorieuses \u00bb, la plupart des pays europ\u00e9ens connurent une mont\u00e9e inexorable du ch\u00f4mage : un ch\u00f4mage de masse et de longue dur\u00e9e. Le monde syndical et politique ne sut ou ne put r\u00e9pondre \u00e0 cette situation. C\u2019est alors qu\u2019\u00e0 la fin des ann\u00e9es 80, l\u2019on vit \u00e9merger des \u00ab associations \u00bb de ch\u00f4meurs, soit \u00ab autonomes \u00bb, soit aid\u00e9es par des structures syndicales, des organisations politiques ou des \u00e9glises, certaines \u00e9tant d\u00e9j\u00e0 des composantes de l\u2019ENU (European Network Unemployment). Ces organisations constat\u00e8rent rapidement que leurs luttes se butaient \u00e0 un mur dans les cadres\u00a0 nationaux, que la source du ch\u00f4mage \u00e9tait tr\u00e8s li\u00e9e aux politiques \u00e9conomiques de l\u2019Union europ\u00e9enne et que c\u2019\u00e9tait donc au niveau europ\u00e9en qu\u2019il fallait poser le probl\u00e8me et agir.<\/p>\n

D\u2019o\u00f9 l\u2019id\u00e9e d\u2019un appel en juin1996 \u00e0 Florence (1)<\/strong><\/em> pour organiser des marches dans toute l\u2019Europe vers Amsterdam en juin 1997, \u00e0 l\u2019occasion du sommet de l\u2019Union europ\u00e9enne. Pr\u00e9figurant ce que seraient les forums sociaux, cet appel s\u2019adressait \u00e0 toutes les organisations des mouvements sociaux.
Le r\u00e9sultat fut tr\u00e8s encourageant : apr\u00e8s deux mois de marches depuis Tanger, Sarajevo, la Finlande, la Pologne, la Grande-Bretagne etc\u2026pr\u00e8s de 50 000 personnes converg\u00e8rent \u00e0 Amsterdam\u00a0 (2). Le sommet de l\u2019Union europ\u00e9enne\u00a0 prendra la d\u00e9cision de r\u00e9unir chaque ann\u00e9e un Comit\u00e9 sur les questions li\u00e9es \u00e0 l\u2019emploi. Le premier e\u00fbt lieu au mois d\u2019octobre suivant au Luxembourg. L\u2019emploi \u00e9tait d\u00e9sormais inscrit au rang des objectifs de l\u2019Union Europ\u00e9enne et une coordination des politiques d\u2019emploi des Etats membres fut envisag\u00e9e. A l\u2019occasion du sommet de Luxembourg, les organisations ayant particip\u00e9 \u00e0 la manifestation d\u2019Amsterdam d\u00e9cid\u00e8rent de p\u00e9renniser\u00a0 le r\u00e9seau des Euromarches, en organisant notamment une premi\u00e8re Universit\u00e9 de printemps \u00e0 Khalkidiki, pr\u00e8s de Thessalonique en Gr\u00e8ce.<\/p>\n

Le r\u00e9seau v\u00e9cut au rythme des mobilisations lors des sommets de l\u2019Union europ\u00e9enne (Cardiff, Vienne, Lisbonne, Cologne, Nice, Bruxelles, G\u00f6teborg, S\u00e9ville etc\u2026). Le collectif belge (3)
nous apprit \u00e0 lire les textes des institutions de l\u2019Union europ\u00e9enne : nous furent dans les premiers \u00e0 nous mobiliser contre la Charte des droits fondamentaux de l\u2019UE proclam\u00e9e \u00e0 Nice en
2000. Mobilisations et capacit\u00e9s d\u2019expertises constitu\u00e8rent les piliers du r\u00e9seau, notamment apr\u00e8s le sommet de Lisbonne qui initia le processus conduisant \u00e0 la g\u00e9n\u00e9ralisation de la pr\u00e9carisation des emplois dans toute l\u2019Union europ\u00e9enne, renforc\u00e9e \u00e0 chaque \u00e9largissement de celle-ci avec les r\u00e9sultats que l\u2019on conna\u00eet aujourd\u2019hui !<\/p>\n

Lors de cette p\u00e9riode, un moment exceptionnel de jonction de mouvements sociaux au-del\u00e0 des fronti\u00e8res ! Tout le monde se souvient des mobilisations de ch\u00f4meurs en France fin 1997 et d\u00e9but 1998. Les organisations allemandes \u00e9t\u00e9 confront\u00e9es au m\u00eame ch\u00f4mage de masse et de longue dur\u00e9e sans trouver les chemins de la mobilisation. A l\u2019initiative de la Coordination de Bielefeld et des Euromarches, les \u00e9changes entre organisations fran\u00e7aises et allemandes connurent un essor sans pr\u00e9c\u00e9dent, notamment lors des \u00ab Jagodatag \u00bb en Allemagne (journ\u00e9e mensuelle de publication des chiffres du ch\u00f4mage). Le mouvement se d\u00e9veloppa en Allemagne dans la foul\u00e9e de celui de France. Le 8 mai de cette ann\u00e9e 1998, nous organisions m\u00eame une manifestation commune sur le Pont de l\u2019Europe \u00e0 Khel.<\/p>\n

Autre caract\u00e9ristique importante du r\u00e9seau: la recherche de revendications capables d\u2019unifier des
luttes \u00e0 l\u2019\u00e9chelle europ\u00e9enne. Les mouvements se sont construits dans les cadres nationaux \u00e0 partir de revendications communes. Quelles revendications unifiantes au niveau europ\u00e9en capables de f\u00e9d\u00e9rer les mouvements? Nous avons travaill\u00e9 sur la question du revenu minimum \u00e0 partir de l\u2019exp\u00e9rience de la FERPA, Association des retrait\u00e9s de la CES anim\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9poque par Georges Debunne(4). Le moment fort en fut la conf\u00e9rence de Bruxelles (mars 2004) sur les droits sociaux dans l\u2019Europe \u00e9largie et la publication d\u2019une plaquette en plusieurs langues sur la revendication d\u2019un revenu minimum proportionnel au PIB de chaque pays de l\u2019Union(5). Nous devions aussi malheureusement faire le constat, que malgr\u00e9 tous nos efforts, nous n\u2019avions pas pu faire bouger les lignes et que le \u00ab processus \u00bb de Lisbonne, loin de s\u2019attaquer au ch\u00f4mage, g\u00e9n\u00e9ralisait comme pr\u00e9vu la pr\u00e9carit\u00e9 dans toute l\u2019Europe.<\/p>\n

Les Euromarches composante des FSE<\/strong><\/p>\n

Dans la foul\u00e9e de Porto Alegre, Florence inaugura en 2002 les Forums sociaux europ\u00e9ens. C\u2019est tout naturellement que le r\u00e9seau des Euromarches se reconnut dans cette initiative cherchant \u00e0 permettre la rencontre des mouvements les plus divers sur la m\u00eame \u00ab place \u00bb pour confronter les analyses et plus si affinit\u00e9s au niveau des mouvements sociaux. Ce f\u00fbt m\u00eame pour nous une priorit\u00e9 dans la derni\u00e8re p\u00e9riode. Nous avions cr\u00e9\u00e9 les Euromarches parce que que nous \u00e9tions conscients que nous ne ferions pas reculer le ch\u00f4mage \u00e0 partir des seules mobilisations dans les cadres nationaux. Plusieurs ann\u00e9es apr\u00e8s nous avons constat\u00e9 que nous n\u2019avions pas pu faire bouger non plus les lignes dans l\u2019Union europ\u00e9enne et que la casse sociale ne cessait de progresser. D\u2019o\u00f9 la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019\u00e9largir le champ de mobilisation et de nous int\u00e9grer dans le processus des forums qui dissolvait quelque part notre propre visibilit\u00e9, mais dans le m\u00eame temps, permettait de cr\u00e9er des synergies plus efficaces dans les luttes. Nous n\u2019avons jamais eu le culte de notre identit\u00e9: un r\u00e9seau, une organisation sont faits pour servir les mobilisations et non l\u2019inverse\u2026Notre \u00ab avenir \u00bb \u00e9tait altermondialiste d\u00e8s l\u2019origine. Et de ce fait, apr\u00e8s Florence en 2002, nous avons particip\u00e9\u00a0 aux forums de Paris en 2003, Londres en 2004, Ath\u00e8nes en 2006, Malm\u00f6 en 2008 et enfin Istanbul en 2010, souvent en lien avec d\u2019autres r\u00e9seaux contre la pauvret\u00e9 comme les No Vox.<\/p>\n

La lutte contre la directive des services dite Bolkestein (f\u00e9vrier 2006 \u00e0 Strasbourg) fut un test qui permit de marquer des points mais le r\u00e9sultat final a montr\u00e9 qu\u2019il y avait encore du chemin \u00e0 faire pour connecter mouvements syndicaux et associatifs afin de cr\u00e9er des rapports de force suffisants au niveau europ\u00e9en pour faire reculer les politiques n\u00e9o-lib\u00e9rales. D\u2019autant plus que, de mani\u00e8re diff\u00e9rente certes suivant l\u2019histoire de chaque pays, ces mouvements sont li\u00e9s aux recompositions politiques compliqu\u00e9es en cours comme on a pu le voir en France, Italie, Allemagne etc\u2026.
Fin des ann\u00e9es 2010 : comme un \u00ab essouflement \u00bb des mouvements sociaux (?)<\/p>\n

Lors de nos coordinations europ\u00e9ennes \u00e0 Cologne en 2007, nous avions d\u00e9j\u00e0 abord\u00e9 la question du devenir du r\u00e9seau et des mouvements europ\u00e9ens. A la diff\u00e9rence d\u2019autres organisations, associations, syndicats, partis, nous sommes essentiellement un \u00ab r\u00e9seau \u00bb sans appareil en tant que tel: ni local, ni permanent etc\u2026Comme un centre d\u2019initiatives \u00e0 g\u00e9om\u00e9trie variable suivant les pays et les ann\u00e9es. Diff\u00e9rents d\u2019autres r\u00e9seaux comme Attac-Europe par exemple qui coordonne des organisations nationales structur\u00e9es, des adh\u00e9rent(e)s etc\u2026Nous fonctionnons avec ce que les organisations les plus investies dans le r\u00e9seau mettent \u00e0 notre disposition selon les \u00e9ch\u00e9ances de mobilisations.\u00a0 L\u2019\u00e9ch\u00e9ance de Rostock 2007 nous relan\u00e7a dans la dynamique \u00ab mobilisations \u00bb pour les \u00ab Marches en Europe 2007 \u00bb contre le G8. Nous avons fait\u00a0 un bilan en demi-teinte de cette derni\u00e8re mobilisation avec les autres pays participants. Seule \u00ab nouveaut\u00e9 \u00bb : nous ne furent pas les seuls \u00e0 nous poser la question de l\u2019avenir du mouvement altermondialiste et de notre propre utilit\u00e9.<\/p>\n

Concernant la lutte contre le ch\u00f4mage et surtout la pr\u00e9carisation des emplois et de nos vies, nous avons continu\u00e9 \u00e0 mutualiser ce qui se passait dans les diff\u00e9rents pays mais nous n\u2019avons pas encore r\u00e9ussi \u00e0 mettre sur pieds un v\u00e9ritable r\u00e9seau op\u00e9rationnel. Les organisations de ch\u00f4meurs, dans les pays o\u00f9 elles existent,\u00a0 organisent surtout des ch\u00f4meurs de longue dur\u00e9e qui peu \u00e0 peu sont r\u00e9duits aux minima sociaux et deviennent des retrait\u00e9s\u2026Les syndicats sont peu ou pas du tout impliqu\u00e9s dans l\u2019organisation des ch\u00f4meurs, perdent leurs adh\u00e9rents ne serait-ce que par l\u2019effet g\u00e9n\u00e9rationnel et recrutent peu dans les nouvelles couches des travailleurs pr\u00e9caires.<\/p>\n

Lors des forums, forces syndicales et associatives sont pourtant pr\u00e9sentes aux rendez-vous des Euromarches, comme notamment lors des Forum social d\u2019Ath\u00e8nes et du dernier en date \u00e0 Istanbul. Mais peu de suites\u2026 Le niveau europ\u00e9en du monde syndical restait probl\u00e9matique parce que la CES etait devenue la courroie de transmission de l\u2019Union europ\u00e9enne, au grand dam d\u2019un de ses fondateurs, Georges Debunne qui a soutenu les Euromarches d\u00e8s le d\u00e9but de l\u2019aventure: des regroupements commencent \u00e0 se concr\u00e9tiser contre le n\u00e9olib\u00e9ralisme de l\u2019Union europ\u00e9enne, y compris en Europe du Nord jusqu\u2019\u00e0\u00a0 pr\u00e9sent insensible \u00e0 la dimension europ\u00e9enne. La \u00ab mondialisation \u00bb et ses effets, l\u2019\u00e9volution des capitalismes nationaux changent la donne: la revendication d\u2019un salaire minimum en Allemagne n\u2019est plus un sujet tabou parce que les capitalistes internationaux ne reconnaissent pas la \u00ab cogestion \u00bb (Bestimmung) traditionnelle dans ce pays. Concernant la pr\u00e9carisation des emplois dans l\u2019Europe \u00e9largie, c\u2019est la revendication sur le statut des travailleurs, les contrats de travail, la s\u00e9curisation des parcours professionnels qui est en jeu: c\u2019est dire que l\u2019on n\u2019\u00e9tait pas sorti de l\u2019auberge et l\u2019on pouvait en conclure que l\u2019on ne pouvait rien faire. Ce ne fut pas le cas: les lignes commen\u00e7aient \u00e0 bouger dans le monde syndical et l\u2019on vit \u00e9merger de nouvelles associations et collectifs de jeunes pr\u00e9caires qui ne se reconnaissaient pas comme \u00ab ch\u00f4meurs \u00bb mais rejoignaient les objectifs de luttes des associations existantes, voire les structures syndicales qui leur semblaient proches de leurs exp\u00e9riences.<\/p>\n

Comme disait Allaluf Mateo, \u00e9conomiste belge, le capitalisme a gagn\u00e9 la bataille du 20\u00e8me si\u00e8cle
remettant en cause les avanc\u00e9es des mouvement sociaux. Au d\u00e9but du 21\u00e8me nous sommes dans une phase de d\u00e9composition-recomposition, restructurations, reconstructions etc\u2026\u00e0 tous les niveaux, \u00e9conomiques, sociaux, culturels, syndicaux, politiques etc\u2026Nous nous inscrivons dans des
processus de regroupements de celles et ceux qui pensent que le capitalisme n\u00e9olib\u00e9ral n\u2019est pas
l\u2019avenir de l\u2019humanit\u00e9, qu\u2019il est m\u00eame urgent pour les peuples et la plan\u00e8te non seulement d\u2019inverser la tendance mais de proposer des alternatives concr\u00e8tes aux impasses actuelles, particuli\u00e8rement en ce qui concerne les questions sociales.
Ann\u00e9es des crises : une nouvelle donne, de nouvelles responsabilit\u00e9s.<\/p>\n

On ne peut jamais se r\u00e9jouir des crises que nous subissons et nous savons que ce sont toujours les plus faibles qui payent la facture. Pour autant celles-ci ont chang\u00e9 la donne en Europe. M\u00eame la CES (Conf\u00e9d\u00e9ration europ\u00e9enne des syndicats) est aujourd\u2019hui contre les derni\u00e8res moutures des trait\u00e9s europ\u00e9ens apr\u00e8s avoir accept\u00e9 le TCE et ses cons\u00e9quences en 2005.<\/p>\n

A partir de l\u2019exp\u00e9rience des Forums sociaux europ\u00e9ens et de leurs limites, certaines composantes syndicales et associatives se sont regroup\u00e9es dans le cadre de la JSC (Joint Social Conference) et vont se retrouver \u00e0 Florence d\u00e9but novembre 2012 (Firenze 10+10) en partenariat avec des r\u00e9seaux politiques europ\u00e9ens comme le r\u00e9seau Transform pour converger et agir dans le but de tenir en 2013 un Altersummit, non seulement pour mutualiser des analyses, mais pour proposer des alternatives et mobiliser les peuples d\u2019Europe pour endiguer les cons\u00e9quences d\u00e9sastreuses des plans d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 actuels et du ch\u00f4mage qui en r\u00e9sulte. De ce fait, les Euromarches participent \u00e0 ces regroupements.<\/p>\n

D\u2019autre part, les bouleversements dans les pays arabes, les mouvements d\u2019indign\u00e9s, les actions du type \u00ab occupy \u00bb etc\u2026r\u00e9v\u00e8lent que les soci\u00e9t\u00e9s de ce d\u00e9but de si\u00e8cle sont travers\u00e9es pas des r\u00e9voltes en profondeur m\u00eame sil elles restent \u00e0 g\u00e9om\u00e9trie variable suivant les pays. Un des points communs est la participation active dans ces mobilisations de jeunes \u00ab dipl\u00f4m\u00e9s \u00bb sans perspective d\u2019emploi.
Or ce qui les attend en Europe c\u2019est une g\u00e9n\u00e9ralisation d\u2019Hartz IV. On a pu le constater lors de la derni\u00e8re mobilisation \u00e0 Francfort des 18 et 19 mai 2012 \u00e0 laquelle ont particip\u00e9 les Euromarches.<\/p>\n

Au-del\u00e0 des questions li\u00e9es \u00e0 l\u2019emploi, nous sommes de plus en plus confront\u00e9s \u00e0 la paup\u00e9risation massive des peuples au profit des quelques oligarques. Au moment o\u00f9 nous revendiquons un salaire minimum europ\u00e9en, les Euromarches font aussi campagne avec l\u2019EAPN (octobre 2010 au Parlement europ\u00e9en \u00e0 Bruxelles) pour des revenus ad\u00e9quats permettant aux gens de vivre et non de survivre : 1\/5\u00e8me de la population de l\u2019Union europ\u00e9enne, particuli\u00e8rement dans les pays de l\u2019Est, vit d\u00e9j\u00e0 en-dessous du seuil de pauvret\u00e9 et cela va encore s\u2019amplifier dans les mois et ann\u00e9es qui viennent alors que l\u2019Europe demeure le continent le plus riche de la plan\u00e8te !<\/p>\n

Il y va m\u00eame de la disparition de la notion de \u00ab ch\u00f4meur \u00bb, homme ou femme ayant travaill\u00e9 et cotis\u00e9 \u00e0 une assurance en cas de perte de son emploi. Cette assurance se transforme en \u00ab aide sociale \u00bb, emplois pr\u00e9caires contraints, particuli\u00e8rement pour les femmes. Des pays comme la Hollande parlent maintenant des ch\u00f4meurs en terme \u00ab d\u2019handicap\u00e9s sociaux \u00bb que l\u2019on ne peut aider \u00e0 survivre qu\u2019en contre-partie de travaux soit-disant \u00ab civiques \u00bb. En France, le service d\u2019Etat charg\u00e9 d\u2019indemniser les ch\u00f4meurs et de leur trouver des emplois (P\u00f4le emploi) passe surtout son temps \u00e0 les radier des listes pour les priver de tout revenu et faire baisser les \u00ab statistiques \u00bb\u2026<\/p>\n

Tout cela pour dire que, tant les Euromarches que les diverses composantes des mouvements sociaux et politiques doivent aujourd\u2019hui repenser au plus vite leurs objectifs, leurs strat\u00e9gies, leurs alliances pour r\u00e9pondre \u00e0 une situation que personne n\u2019avait pr\u00e9vue aussi d\u00e9grad\u00e9e, avec des nuages de plus en plus mena\u00e7ants \u00e0 l\u2019horizon qui rappellent les ann\u00e9es 30 comme on peut le voir en ce moment en Gr\u00e8ce avec la mont\u00e9e en puissance de l\u2019Aube dor\u00e9e, parti nazi. Mais la perc\u00e9e de Syriza, coalition de gauche radicale, montre aussi qu\u2019il y a toujours de l\u2019espoir, que le pire n\u2019est pas in\u00e9vitable.<\/p>\n

Michel Rousseau
7\/10\/2012<\/p>\n

Bibliographie, site et vid\u00e9oth\u00e8que:<\/strong><\/em><\/p>\n

http:\/\/www.euromarches.org<\/a><\/p>\n

Inutile de dire que l\u2019on ne peut en un seul article exprimer la richesse v\u00e9cue par celles et ceux qui ont particip\u00e9 et participent encore au r\u00e9seau des Marches europ\u00e9ennes\/Euromarches. Nous avons renvoy\u00e9 \u00e0 quelques publications en la mati\u00e8re.<\/p>\n

Vous trouverez sur le site de l\u2019association \u00ab Canal marches \u00bb cr\u00e9\u00e9e lors du lancement des Marches europ\u00e9ennes, au fonctionnement autonome et ind\u00e9pendant, nombres de vid\u00e9os et photos des \u00e9v\u00e9nements v\u00e9cus par les Marches. Patrice Spadoni en a fait un film. Pour voir les\u00a0 vid\u00e9os :\u00a0 http:\/\/canalmarches.org\/spip.php?rubrique3<\/a><\/p>\n

Autres publications cit\u00e9es dans cet article :<\/strong><\/em><\/p>\n