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La pauvreté en France (Annie Thomas)

Depuis de nombreuses années, l’Union Européenne a créée de nombreuses directives par rapport à la lutte contre le chômage. Nous n’en ferons pas ici l’inventaire . Mais les pays de l’Union se sont au fil des ans plus ou moins copiés pour apporter des solutions dans leur pays. Soyons clairs : c’est un véritable échec et qui s’explique puisque les propositions sont toujours au travers d’un système capitaliste.
L’Union Européenne a adopté une Charte Européenne des Droits Fondamentaux en 2000, lors du traité de Nice. Cette charte n’est pas réellement incluse dans la Constitution, elle est en marge et aucun pays n’est obligé de l’appliquer.

L’Union Européenne, comme cela s’est fait dans chaque pays, a transformé la lutte contre la pauvreté en « traitement social » du chômage. L’objectif n’est donc pas de mettre en place des réformes et des mesures qui créent de l’activité et donc du travail pour les personnes sans emploi. Il n’est pas question, non plus, bien sûr de changer les règles du Marché ou de la finance ! L’objectif est de faire baisser le taux de chômage.

Cela est particulièrement vrai en France avec la dernière loi de 2008 « L’offre raisonnable d’emploi » dont l’objectif avoué est de s’attaquer au chiffre (-5%). Le nombre de chômeurs est un « stock » (terme d’un ministre). C’est la marchandisation des chômeurs.

L’offre raisonnable d’emploi comprend deux volets :

–           Le premier, les radiations plus rapides et plus nombreuses (1 ou 2 mois sans aucune ressource)

–          Faire travailler des demandeurs d’emploi diplômés à un moindre niveau, les obliger à accepter un travail qui de 6 mois en 6 mois sera de plus en plus éloigné du niveau de diplôme. Cette loi est un mépris total de l’être humain, de sa formation, de ses convictions et de ses désirs.

JUIN 2009 : Mise en place du R.S.A. (Revenu de Solidarité Active)

–          Alors que la période d’expérimentation n’est pas terminée, le gouvernement en annonce  sa mise en place, crise oblige.

–          L’objectif : « Inciter les chômeurs de longue durée, allocataires du Revenu Minimum d’Insertion de reprendre un travail. »

–          Du R.M.I. au R.S.A.
Le 1er décembre 1988, le Revenu Minimum d’Insertion a été voté à la quasi-unanimité. Le texte précisait « qu’il s’agit d’une dette de la Nation à l’égard des pauvres » (cahiers UPC) et l’ensemble des citoyens français y était favorable.
Il s’agit d’un système d’assistance à un groupe de citoyens exclus par le système. Il y a une contrepartie : l’insertion, un thème nouveau qui arrive avec tout un cortège de contrats. Cette mesure a fonctionné ainsi durant 10 ans mais de 350 000 allocataires, le taux monte en 1990 à 1 million de personnes. La loi de lutte contre les exclusions en 1998 renforce le processus de protection et d’assistance.

En France et en Europe, la pauvreté était perçue comme une injustice sociale et ces mesures nécessaires pour y palier, l’économie de marché est à son apogée.

21ème siècle : l’accroissement du chômage continue, la pauvreté s’accroît et même les salariés deviennent pauvres, le travail précaire, le temps partiel se développent.

–          Le climat social change et avec lui le retrait des mesures et lois sociales par le gouvernement. Objectif : démanteler le conseil de la Résistance bâti en 1945. Système de protection sociale qui repose sur l’égalité entre les citoyens. Attaque et démantèlement des services publics qui protègent les plus pauvres de la Société.

Selon le sociologue Serge PAUGAM « Il y a une sorte de basculement pour considérer que la pauvreté s’explique par la paresse et on entre dans un cycle de culpabilisation des pauvres et il faut inciter les pauvres à travailler »
Après la tentative en 2003 de mettre en place le RMA (Revenu Minimum d’Activité), on s’oriente vers le « workfare » qui oblige les pauvres à travailler.
Celui-ci est abandonné.

2007 : Martin HIRSCH met en œuvre le R.S.A.
Il s’agit d’une allocation qui complète le revenu (revenu de travail + revenu d’assistance). Accepter un travail, même précaire tel est le principe.

–          Dès le départ, on prend conscience que certains chômeurs ne sont plus accessibles à l’emploi, pour eux on prévoit un système d’insertion sociale (10% prévu, en fait beaucoup plus dans la réalité) ; Dans ce système,  les « pauvres sont divisés ». Les bons et les mauvais :

  • Pour les uns, c’est l’accompagnement professionnel
  • Pour les autres l’accompagnement social. Il n’est plus question de solidarité, ni de fraternité (mot sur le fronton des mairies qui fonde la république).

–          La loi du R.S.A., loin de lutter contre la pauvreté, met en place la précarité,…L’emploi précaire pour tous devient la norme. C’est le constat des élus départementaux qui ont expérimentés le R.S.A. en 2008. De plus, ajoutent-ils, quand il n’y a pas d’emploi créé, la situation ne change pas. Par contre certaines entreprises en profitent pour proposer des emplois moins chers, moins sécurisés : c’est le développement des emplois précaires.

–          Ce n’est pas parce qu’on décrète que les pauvres doivent travailler que l’activité se crée. « Aucune loi ne prévoit la création d’activité » ! Bien au contraire, avec la « crise » du système capitaliste, on continue de licencier.

Auparavant une personne seule percevait une allocation de R.M.I. de 425€. Allocation bien en deçà du seuil de pauvreté évalué pour la France à 812€. Allocation qui ne permet pas de vivre mais de survivre et donc qui ne permet pas l’insertion.

Or aujourd’hui avec le R.S.A., on trouve par exemple un couple de jeunes vivant avec 525€ pour deux. Soit pour la fille étudiante un peu plus de 300€ et pour le garçon 160€ d’allocation R.S.A !!!

A Martin Hirsch à qui on pose la question de « comment vivre avec 425€ ? » il répond qu’il refuse d’augmenter les minima-sociaux car l’écart avec ceux qui travaillent est trop faible. Il justifie l’injustifiable car si cela est, c’est que le salaire minimum (SMIC) est trop faible. Il faudrait rehausser le salaire minimum de façon significative. Et c’est pourquoi les salariés pauvres viennent de plus en plus nombreux aux portes des associations caritatives.

Nous arrivons au bout d’un système (système capitaliste) qui fait la preuve de sa faillite. Même les gouvernements les plus droitiers en viennent à contester le système,   « Il faut réguler le marché ». « Il faut refonder le capitalisme »
Les pays sont en faillite, les citoyens aussi au profit de quelques uns.