Université d'été des Marches Européennes KhalkidikiMardi 1er septembre 1998 GLOBALISATION ET NOUVEL INTERNATIONALISMEAC! - Agir ensemble contre le Chômage (France)
L'intitulé qui m'a été proposé pour cette intervention peut sembler écrasant. Et pourtant la question est de la plus haute importance.
En effet l'internationalisation des luttes ne va pas de soi. Le mouvement social accuse un terrible retard. Certes on peut évoquer les Marches européennes de 1997. Ou les solidarités internationales des dockers. Ou encore les quelques mouvements européens de cheminots, et la prochaine action commune des routiers le 7 septembre.
C'est dire si le mouvement syndical traditionnel se fourvoie... L'EXPÉRIENCE DES MARCHES EUROPÉENNESL'expérience des Marches européennes peut nous apporter un premier éclairage. Nous nous trouvons en effet concrétement confrontés à la question : « Comment unifier nos luttes ? » Nous rencontrons dans les différents pays les mêmes politiques néolibérales, avec quelques nuances. Mais ces politiques convergent à travers des réalités et des formes multiples, elles s'inscrivent dans des cadres institutionnels et sociaux très différenciés. Si bien que nous avons le plus grand mal à adopter des revendications communes avec des définitions immédiates et concrètes. Ainsi, la réduction massive du temps de travail se traduit difficilement par un chiffrage commun - les 35, ou les 32 heures... S'ajoutent à ces difficultés objectives la grande diversité des histoires et des cultures syndicales et politiques. Songeons que les Marches européennes présente un spectre très large, des anarcho-syndicalistes de la CGT espagnole aux syndicalistes chrétiens de Belgique, par exemple...
« Inventer ensemble » se révèle un exercice passionnant mais complexe, qui rencontre nécessairement des limites.
LES INCIDENCES DE LA MONDIALISATION ET DES PROGRESSIONS DU LIBÉRALISME SUR LE MOUVEMENT OUVRIERCes incidences n'observent pas un simple enchaînement linéaire de causes et d'effets, mais un processus dialectique complexe. Objectivement, la mondialisation offre les bases matérielles d'une homogénéisation des conditions et donc aussi des revendications et des objectifs. Ainsi se développent les bases matérielles et subjectives favorables à « un nouvel internationalisme ». Mais la mondialisation du capital s'appuie dialectiquement sur les survivances d'un morcellement national de la vie politique et social, et notamment sur l'enfermement du mouvement syndical dans les cadres nationaux. La mondialisation joue de la concurrence entre les travailleurs, et des inégalités de revenus et des acquis sociaux. Aussi la mondialisation peut-elle également favoriser les replis nationalistes et les regains de xénophobie. |
Sommaire / Archives Le developpement des Marches
L'expérience des Marches Européennes Les incidences de la mondialisation et des progressions du libéralisme sur les mouvements ouvrier Quand un capitalisme et un libéralisme triomphants rencontrent un mouvement ouvrier en crise Crise et succès paradoxaux de la social-démocratie En alternative, une logique de mouvement social Un nouvel internationalisme : Projet ambitieux, et démarche modeste
INTERVENTION EN CONCLUSION DU DÉBAT SUR LES QUESTIONS SYNDICALES |
QUAND UN CAPITALISME ET UN LIBÉRALISME TRIOMPHANTS RENCONTRENT UN MOUVEMENT OUVRIER EN CRISELa crise du mouvement ouvrier peut être déclinée de plusiers façons : C'est une crise de son assise sociale. Avec le morcellement progressif du prolétariat, qui ne signifie pas sa disparition mais la multiplication de ses formes. Avec le chômage et la précarité qui s'affirment comme des dimensions massives et durables. Crise d'adaptation aux nouvelles aspirations qui traversent notamment la jeunesse. Aspirations à l'autonomie de la personne, à la libération et à l'égalité des femmes, à l'écologie, etc... Aussi, crise de repère, pour des mouvements sociaux construits dans les cadres nationaux, face à un capitalisme qui se pense et s'édifie sur un champ planétaire. La crise du mouvement ouvrier est également une crise de perspective politique, de stratégie de transformation de la société, d'idéologie. Cette crise d'orientation politique a une face évidente et une face masquée. La face évidente accompagne l'effondrement de l'Union soviétique et de ses satellites. Crise concrète d'un système concret, mais également, mort d'un mythe. La crise masquée est celle de la social-démocratie. CRISE ET SUCCÈS PARADOXAUX DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIENous assistons à un paradoxe historique. Bientôt peut-être tous les pays de l'Europe des quinze seront gouvernés par des partis « de gauche ». Mais parallèlement l'orientation social-démocrate de ces partis est en crise. Ce paradoxe accompagne un renversement historique dans la stratégie capitaliste de développement. La période d'expansion ouverte après la seconde guerre mondiale, reposant sur un compromis entre le capital et le travail, avait offert un « socle historique naturel » à la social-démocratie, reposant sur une « heureuse rencontre » entre les intérêts du capitalisme et la capacité de la social-démocratie à jouer l'interface entre les classes dominantes et le prolétariat. Or nous sommes entrés dans une phase historique nouvelle, une période de néolibéralisme qui repose sur une remise en cause brutale de l'ancien compromis. La crise sociale, le chômage, la précarité, sont devenus les armes pour museler le prolétariat et, conséquemment, pour accroître les profits. Le socle naturel de la social-démocratie s'est donc effondré, tandis que contradictoirement les formes politiques qu'elle avait fait grandir survivent et se développent en s'adaptant. Cette adaptation passe par l'abandon progressif des programmes sociaux-démocrates, au profit d'un néolibéralisme social. L'une des conséquences majeures de ce processus nous concerne de très près. C'est la crise du modèle d'articulation organique entre Parti de gouvernement et mouvement syndical ou associatif. L'affirmation du néolibéralisme des Partis de gouvernement génére des difficultés grandissantes dans le monde syndical, avec des crises, des transformations, ou des morcellements. Songeons à l'avenir de la relation travailliste traditionnelle entre le Labour et les Trade Unions, où à la domination du PASSOK sur la CGT... EN ALTERNATIVE, UNE LOGIQUE DE MOUVEMENT SOCIALC'est dans ce contexte de crise du mouvement ouvrier que nous avons à inventer des formes nouvelles de lutte, et une place nouvelle pour le mouvement social. Il s'agit d'élaborer un nouveau PROJET d'antagonisme face au capitalisme, avec de nouvelles « utopies » au sens positif du terme.
Pour nous avancer dans cette direction, nous n'avons pas de « clés » toutes faites. Mais nous pouvons évoquer quelques unes des pistes qui semblent se dégager.
UN « NOUVEL INTERNATIONALISME » :
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